Mounir Fatmi nous livre en exclusivité ses photos du vernissage de l'exposition consacrée à la Beat Generation, un mouvement littéraire et artistique dont l'artiste marocain a connu quelques figures à Tanger et dont il revendique l'héritage. Jusqu'au 3 octobre au Centre Pompidou (Paris), cette rétrospective nous fait voyager de New York à Tanger, en passant par San Francisco, Mexico et Paris, sur les traces de ce mouvement initié à la fin des années 40 par William Burroughs, Allen Ginsberg et Jack Kerouac.
Tanger, étape de la Beat Generation
Rappelons que la Beat Generation est née à New York à l’initiative d’un groupe de jeunes auteurs, William S. Burroughs, Allen Ginsberg et Jack Kerouac. S’insurgeant contre le conservatisme et le puritanisme qui règnent dans l’Amérique d’après-guerre, ils inventent une nouvelle littérature et partent en quête d’un ailleurs moins étriqué. Jean-Jacques Lebel croit au bien-fondé de ce mouvement qui voulait, comme le proclamait Rimbaud, « changer la vie » par la poésie. Cette devise demeure selon lui d’actualité : « Avec la Beat Generation est né le puissant mouvement contre-culturel mondial dont, aujourd’hui, les “Indignés” portent les couleurs et dont les visionnaires et utopistes à venir, à leur tour, s’inspireront ».
L’exposition du Centre Pompidou sur la Beat Generation fera bel et bien écho à sa pensée non conformiste en adoptant le concept de nomadisme culturel inhérent à ce mouvement. Elle relatera ainsi ses pérégrinations suivant un parcours géographique égrenant les étapes principales de ce voyage initiatique qui va de New York à San Francisco, Mexico, Paris et Tanger.
Quant au voyage de la Beat Generation à Tanger, il a eu divers effets sur la vie et l’œuvre de ses membres. L’attrait de la ville de Tanger est dû en premier lieu à sa proximité avec l’Europe. Une situation stratégique qui lui valut au XIXe siècle les convoitises des puissances coloniales, non sans d’évidentes répercussions sur l’art et la culture de l’époque. Désignée comme « porte de l’Afrique », Tanger se retrouve tout naturellement sur le chemin du « Voyage en Orient » initié par les peintres romantiques dans leur quête de nouvelles sources d’inspiration. Eugène Delacroix, qui s’y rend en 1832, sera suivi par les peintres modernes au début du XXe siècle : Charles Camoin, Raoul Dufy, Albert Marquet, Henri Matisse. Mais c’est en 1923, lorsque Tanger se voit dotée d’un statut international, qu’elle prend des allures cosmopolites et suscite un véritable engouement chez les peintres et écrivains européens.
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par Brahim Alaoui, historien d’art et commissaire d’exposition
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«Beat generation», Centre Pompidou, Paris, du 22 juin au 3 octobre 2016.
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