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EXPLIQUER L’ART: LA SÉLECTION DE LIVRES DE DIPTYK

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Dans cet univers multiforme et changeant qu’est l’art, comment se repérer ? Les publications abondent pour permettre d’appréhender ce monde et d’y trouver ses marques. Abécédaire, lexique, dictionnaire, guide ou atlas, à chacun son mode d’emploi.

 

Kenza Sefrioui

 

 

Guide de survie en milieu artistique 

A comme « addition salée », B comme « brebis galeuse », C comme « contrat pas béton »… L’abécédaire impertinent de l’art aujourd’hui, ce sont 111 histoires pleines d’humour sur le monde de l’art. Le livre a été conçu à trois cerveaux et à six mains par la galeriste Sophie Blachet, Georges Maisonneuve, collectionneur et fondateur du site didactique (et humoristique) almanart.org, et Brigitte Camus, artiste et journaliste artistique. Leur but ? Distiller des conseils pour comprendre le fonctionnement du monde de l’art, en éviter les pièges et s’y faire une place. Chaque entrée commence par une anecdote (les noms sont souvent modifiés…) et se termine par une documentation pour aller plus loin, sans oublier les utiles encadrés synthétiques qui apportent des précisions sur des points de droit, des aspects commerciaux ou des compléments d’information. On croise une galerie mobile, des collectionneurs de dessins érotiques, des visiteurs peu curieux, des faussaires, des collectifs d’artistes aux prises avec les institutions publiques, des journalistes croulant sous les dossiers… Au final, on découvre un monde où tout le monde se connaît, où tout se sait, et où il vaut mieux privilégier les relations saines et durables. 

 

Éloge de la couleur 

« J’ai trouvé dans le monde de la couleur un lieu de réconfort, de ressource et de joie », confie la coloriste Amandine Gallienne, qui a sillonné de nombreux pays pour rencontrer teinturiers, producteurs de pigments naturels, céramistes, tisserands, artisans de la couleur. Son petit glossaire fait un tour d’horizon de la couleur, du point de vue technique, scientifique, esthétique et symbolique, sans oublier les innombrables expressions imagées. Accord, camaïeu, code couleur, daltonien, musique, primaires, saturation, tendance… Les 100 mots qu’elle retient évoquent un rapport universel et profondément marqué culturellement à la couleur. Du latin color qui désigne le teint du visage, des pigments végétaux ou minéraux aux 300 000 couleurs qu’on distingue, du Traité de l’âme d’Aristote au Traité des couleurs de Goethe, en passant par le cercle chromatique de Newton et les œuvres de Michel Pastoureau, Amandine Gallienne plaide pour le mélange et la subjectivité : « Sachons préserver notre rapport intime à la couleur et faire confiance à notre instinct pour faire les choix qui nous conviennent. » 

 

L’art en théorie 

« Appréhender un objet comme une œuvre d’art suppose, sans qu’on en soit ordinairement conscient, une certaine idée de ce qu’est l’art », avertit Béatrice Talon-Hugon, qui a coordonné un collectif de treize spécialistes pour livrer un magistral dictionnaire des théoriciens de l’art occidental, de l’antiquité gréco-romaine jusqu’au XXe siècle – les penseurs vivants n’y figurant pas. L’ouvrage se penche sur les catégories qui ordonnent nos perceptions de l’art : esthétique, goût, idéal, modernité, finalité de l’art, réception, authenticité, chef-d’œuvre… Il est question d’histoire, de périodes, de mouvements, mais aussi des diverses disciplines, musique, littérature, cinéma, architecture, sculpture, peinture, théâtre, sciences… autant de « nébuleuses théoriques » en perpétuelle évolution. On trouve ici des philosophes, d’Aristote à Foucault, des historiens de l’art, comme Élie Faure ou Erwin Panowsky, des sociologues (Bourdieu), des psychanalystes, des critiques, des artistes théoriciens et même des politiques (Lénine, pour sa théorie de la production culturelle), avec pour chacun, une riche notice biobibliographique. Une référence… 

 

Rêveries sur la carte 

« Quels rébus que ces cartes, avec tous ces caps et ces îles ! Remercions le Capitaine de nous avoir, à nous, acheté la meilleure, qui est parfaitement et absolument vierge ! », ironise Lewis Caroll dans La Chasse au snark, sur lequel Louisa Alberti clôt malicieusement ce petit livre riche et passionnant. Vous êtes ici : petit atlas de l’art contemporain décline les nombreuses propositions des artistes pour lier imaginaire, art et cartographie. Connaître le monde, questionner la violence politique, inviter à la rêverie. Il y a les cartes cocotte-minute de la Marocaine Batoul S’Himi, les cartes mouvantes, en billes, de la Palestinienne Mona Hatoum, les photos de la Germano-Kenyane Ingrid Mwangi, qui évoquent métissage et préjugés, les villes en scalpels de l’Anglais Damien Hirst, les reliefs imaginaires de la Française Jennifer Brial, les inversions du Canadien Richard Purdy… Pour les uns, la carte est un motif, pour d’autres un matériau, pour d’autres enfin le point de départ d’une interrogation sur les frontières, le paysage, l’urbanisme, ou tout simplement la place des humains dans le monde. 

 

Au fil des courants 

Art nucléaire, commodity sculpture, dripping, muralisme mexicain, peinture métaphysique, rayonnisme, trans-avant-garde… Giorgina Bertolino fait l’inventaire des grands courants et des techniques qui ont créé des mouvements artistiques. Sa question de départ : qu’est-ce qui amène les artistes à prendre conscience de leur rôle et à se rassembler ? Et « comment une recherche individuelle devient-elle partie intégrante d’un langage commun? » Suivant une trame chronologique, de l’impressionnisme à l’art vidéo, l’historienne de l’art présente les multiples groupes qui ont fait date et mouvement. Pour chacun, elle propose une fiche synthétique en résumant la genèse, les œuvres clefs, les techniques principales. Elle rappelle d’où en vient la dénomination, en cite les principaux artistes, les lieux, les expositions majeures, mais aussi les revues et les textes fondateurs. Elle signale enfin les articles en relation, pour approfondir, et présente des œuvres commentées. Manifeste, école, technique, thème, modalités de travail… elle souligne ce qui rassemble sans jamais enfermer la création dans des étiquettes. Indispensable. 

 

© Mounir Fatmi
© Mounir Fatmi
Céleste Boursier-Mougenot, Rêvolutions pour le pavillon français à la 56e Biennale de Venise 2015
Céleste Boursier-Mougenot, Rêvolutions pour le pavillon français à la 56e Biennale de Venise 2015
Amina Benbouchta & Zelda Georgel, Abri de jardin, 2016
Amina Benbouchta & Zelda Georgel, Abri de jardin, 2016
Bricoler l’incurable (détails), Le Fils , 2015, photographie sur film et caisson lumineux, 180 x 120 cm
Bricoler l’incurable (détails), Le Fils , 2015, photographie sur film et caisson lumineux, 180 x 120 cm

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