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[Game Changer] Yasmina Naji, éditrice militante

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Adepte de la cancel culture, la fondatrice de Kulte Center for Contemporary Art & Editions se bat contre les injustices en publiant des livres d’artistes aux thématiques engagées : homosexualité, héritage des femmes, place du corps noir…

Alors que l’espace de la rue Benzerte vient de fermer ses portes, l’équipe de Kulte se réfugie dans ses locaux de l’avenue Mohammed V, où se trouvent son studio de risographie, son fonds éditorial et un espace d’exposition temporaire. En attendant l’ouverture d’un prochain lieu, toujours à Rabat, toute l’équipe travaille à la publication de plusieurs ouvrages. « C’est l’édition qui a fait de Kulte un centre d’art », rappelle sa directrice, Yasmina Naji, qui entend bien faire labelliser cette appellation de centre d’art auprès du ministère de la Culture. Après l’exposition collective « Broken Walls », organisée en 2012, Kulte avait en effet investi la rue Benzerte et commencé à publier les premiers livres d’artistes qui ont fait sa renommée, parmi lesquels Fragments d’un miroir de Fouad Bellamine (2013) ou Super Oum de Fatima Mazmouz (2014).

Ancienne professeure de philosophie, férue de politique et d’éthique, diplômée d’un master en conseil éditorial de la Sorbonne, Yasmina Naji suit la même ligne depuis le début : la lutte contre les injustices et toute forme de discrimination. « Je suis très cancel, commente-t-elle, obsédée par les questions d’injustice. Les problématiques de genre m’interpellent aussi depuis que je suis toute petite. » Et de commenter l’écart qu’il y a souvent, selon elle, entre les paroles et les actes. S’ensuit toute une série d’ouvrages devenus aujourd’hui des titres phares : Les Derniers Paradis de Sido Lansari sur la question de l’homosexualité, The Lion’s Share d’Ymane Fakhir sur celle des discriminations en matière d’héritage ou The Africans, livre collectif autour de la question du corps noir.

Autre combat et non des moindres, celui de la traduction trilingue (anglais, arabe, français) des livres. Le projet de librairie éphémère La B’Raka, implantée sur la place Jamaâ el Fna lors de la 6e Biennale de Marrakech, en 2016, a conforté Yasmina Naji dans l’idée qu’« on fait des choses pour qu’elles soient lues, notamment par les locaux ». En attendant la traduction en arabe d’un manifeste de Felwine Sarr, Habiter le monde, et de La Septième Porte de Ahmed Bouanini, ou encore la création d’une collection Kulte kids dédiée aux enfants, Yasmina Naji peaufine ses publications à venir, en apportant un soin toujours exigeant à l’esthétique graphique, gage de la qualité d’un livre susceptible d’avoir un impact durable sur le public.

Olivier Rachet

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