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HALIM AL KARIM

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Les mythiques Editions Skira proposent cette nouvelle collection de monographies d’artistes du monde arabe dirigée par Brahim Alaoui. Deuxième titre paru, Halim al Karim par Nadine Descendre est un ouvrage captivant de par l’itinéraire hors norme de cet artiste exceptionnel mais aussi grâce à la beauté souvent inquiétante des clichés dévoilés qui permettent d’embrasser aux mieux l’ensemble de ses recherches. Le texte est subdivisé en 7 chapitres qui tous racontent de manière juste l’univers et le parcours plutôt violent et âpre de l’artiste. Dans la première partie « vivre à  perte de vue », l’analyse de l’auteure précise notre propre pensée : « Un minimum d’effets pour dire un maximum de choses : la discrétion affichée du scénario amplifie un climat de tensions et de malaise » car « plus le réel est infamant, plus il doit être masqué. » Dans le chapitre suivant, « la douceur Vs la violence », on apprend également que Halim al Karim cesse de lire en 1985, ne supportant plus la culture, l’éducation et la connaissance quand elles constituent « des acquis qui ajoutent à votre souffrance et la souffrance vous empoisonne. » Fragilisé par l’angoisse, il explique : « j’ai compris à ce moment que je ne pouvais plus assumer un supplément de douleur ni ajouter ainsi de la souffrance à ma souffrance. Or je veux procurer de l’espoir aux gens. Je ne veux pas qu’ils résistent à voir mes œuvres pour cause de trop de violence apparente. »  Ainsi, nous explique Nadine Descendre « parce que sa jeunesse lui a été confisquée, [il] sait ce que représente cette spoliation et ne souhaite pas faire repasser dans ses propres pas d’autres que lui. Relayer la souffrance ? Oui mais jamais de façon descriptive, ni au premier degré. Il importe de se préserver soi-même en préservant les autres. » Dans le même chapitre également, une analyse pertinente sur l’importance du regard dans l’œuvre de l’artiste iraquien : avec ces « yeux qui jouent un rôle particulier alors qu’ils s’inscrivent la plupart du temps dans une image en disparition » et que Halim al Karim explique de cette manière : « Avec les yeux, vous pouvez créer plus de violence, le regard libère plus de force, plus d’humanité et de sauvagerie. » Un ouvrage d’une force poignante.

 

Halim Al Karim, de Nadine Descendre. Collection Images Affranchies, Edition Skira, 2012.

 

Syham Weigant

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