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Hassan Hajjaj, pape du cool

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De Londres à Marrakech, en passant par Casablanca, il est la star de cette rentrée. C’est aussi

un «fan de» qui met dans la lumière les artistes qu’il aime et la culture de la rue.

Marie Moignard

 

On a tous envie de faire partie de sa « happy family ». Hassan Hajjaj, ce n’est pas seulement un artiste qui mêle sans complexes photo, mode et design d’objet. Derrière lui, c’est aussi toute une tribu de créateurs, chanteurs, musiciens, avec pour devise l’amour sans distinction d’origine ou de religion. Loin d’être un gourou, Hajjaj est en fait un rassembleur d’une modestie déconcertante. Cet éternel admirateur a su depuis vingt-cinq ans constituer son propre club VIP, plutôt « Very Interesting People » qu’accès interdit. À tel point que son nom est quasiment devenu un « label » du cool et de la solidarité. Loin de rester affalé sur son sofa vintage, Hajjaj est classé parmi les 10 artistes africains les plus cotés du marché (Africa Art Market Report 2015).

Cet automne, en parallèle de son special project pour la foire 1:54, il prend ses quartiers à la Somerset House de Londres avec « La Caravane », qu’il envisage comme un retour au bercail après plusieurs années à parcourir le globe. « Je succède à Malik Sidibé qui exposait l’année dernière et ça, c’est déjà un grand honneur pour moi. C’est aussi important car c’est mon premier solo show à Londres depuis sept ans. J’ai eu envie de présenter les artistes qui ont croisé ma route ». Et il y en a eu beaucoup. Hassan débarque en Angleterre à l’âge de 14 ans alors que son père y travaille depuis qu’il est enfant. A Londres, il découvre un autre monde, mais aussi le racisme qui pousse les jeunes issus de l’immigration à faire bande à part. Le grooving London des années 80, il l’a vécu à fond. En 1984 il créé R.A.P., sa marque de streetwear, l’une des premières du genre. Puis il devient assistant du styliste Andy Blake et met un pied dans le monde de la photo. « Il y avait aussi beaucoup de soirées où l’on passait notre musique, où l’on créait notre propre ambiance. La ville de Londres m’a vraiment inspiré. Et ça définit l’identité de mon travail aujourd’hui. »

 

Mot d’ordre: le kif

Son mot d’ordre ? Le kif. Hajjaj ne fait que ce qu’il aime, et qu’avec les gens qu’il apprécie. Cette sincérité surprend, lui qui tutoie le Victoria and Albert Museum comme le LACMA, a un atelier-boutique à Londres et un ryad-galerie à Marrakech. Autant de milieux où le spectre de l’argent fait bien souvent basculer dans le cynisme de la productivité. Même sa dernière collaboration avec le géant Reebok semble guidée par le fun : « Avec la designer Melody Ehsani, on a réinterprété le modèle iconique des Pumps, par des clins d’œil à mon univers. Le textile reprend le motif des nattes tressées que j’utilise comme toile de fond dans mes photos, et il y a une main de Fatma sur le côté de la chaussure. C’est assez drôle, moi qui utilise beaucoup la contrefaçon des grandes marques trouvée dans les souks marocains ! Avec ça, on peut dire que la boucle est bouclée. »

Le détournement, c’est un peu sa marque de fabrique. Sa première expo, « Graffix from the Souk » (2001), remplaçait les objets de la pop culture occidentale par des théières et des babouches, déclinées en couleur comme sur des sérigraphies. Ce jeu assez simple lui a valu le surnom d’« Andy Warhol marocain », une référence au pop art qui lui colle encore à la peau […]

 

 

L'article dans son intégralité est à retrouver dans le numéro 40 de Diptyk bientôt en kiosque.

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