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Yves Saint Laurent, un musée sur mesure

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C’est au pied des contreforts de l’Atlas, le 19 octobre, qu’ouvrira le tout premier musée en Afrique consacré à la mode. Un lieu dédié au plus mythique des couturiers français, Yves Saint Laurent. Un témoignage de l’amour durable et réciproque que ce dernier portait au Maroc et à Marrakech. 

 

Alexandre Crochet

 

 

 

Dernière volonté de Pierre Bergé, le musée consacré à l’œuvre d’Yves Saint Laurent est une façon de payer avec élégance sa dette à une ville qui leur a tant donné, et à laquelle ils ont tant donné. C’est peu de dire en effet que le créateur et son compagnon ont aimé Tanger la blanche mais surtout Marrakech la rouge, que le couple découvre en 1966. Coup de foudre immédiat. Le duo emménage aussitôt dans la « maison du serpent », Dar el-Hanch. Moins de dix ans plus tard, en 1974, la maison de couture YSL tourne à plein régime. Pierre Bergé et Yves Saint Laurent déménagent dans une maison plus vaste avec piscine, Dar es Saada. Celle-ci jouxte le jardin et l’atelier du grand peintre orientaliste Art déco Jacques Majorelle. Vers 1980, apprenant que la propriété est menacée par un projet immobilier, ils rachètent la totalité du site, le sauvant ainsi de la destruction. Bergé et Saint Laurent s’installent dans la maison du peintre, d’inspiration mauresque, rebaptisée villa Oasis, et font appel aux décorateurs Bill Willis et Jacques Grange pour la réaménager. Ils vivent ainsi tout près de l’atelier de Majorelle, et du splendide jardin botanique, que le jeune paysagiste Madison Cox entreprend de faire revivre.    

 

 Une rencontre esthétique

« C’est au Maroc que nous avons été le plus heureux », dira Pierre Bergé. Mais Marrakech n’est pas que l’écrin de la joie de vivre, d’une existence légère et de fêtes loin de Paris au milieu d’un petit cercle d’amis et d’initiés. C’est avant tout, pour Yves Saint Laurent, une rencontre esthétique. C’est là, disait-il qu’il avait découvert le sens des couleurs. Mais aussi des motifs. « Au Maroc, j’ai compris que mon propre chromatisme était celui des zelliges, des zouacs, des jellabas et des caftans. Les audaces qui sont depuis les miennes, je les dois à ce pays, à la violence des accords, à l’insolence des mélanges, à l’ardeur des inventions. Cette culture est devenue la mienne, mais je ne me suis pas contenté de l’importer, je l’ai annexée, transformée, adaptée », raconte-t-il. Yves Saint Laurent se sent si bien à Marrakech que c’est là qu’il conçoit la plupart de ses collections haute couture. C’est devenu un rituel : chaque 1er décembre et chaque 1er juin, il s’y rend pour préparer ses nouveaux modèles.

Deux ans après la disparition du couturier, en 2010, une exposition à Marrakech à la villa Majorelle avait exploré cette relation étroite et inspiratrice du couturier avec la palette et la civilisation du royaume chérifien. « Elle a eu un énorme succès y compris auprès des Marocains, se souvient Björn Dahlström, directeur du musée Yves Saint Laurent à Marrakech. La ville était pavoisée d’affiches sur cet événement qui soulignait combien il était un fils adoptif de cette cité. C’est assez unique qu’un couturier soit autant lié à une ville, où il aimait se promener en public jusque sur la place Jamaâ el Fna ». Selon Björn Dahlström, c’est lors de cette exposition que s’est cristallisée chez Pierre Bergé l’idée de rendre pérennes ces liens anciens et féconds sous la forme d’un musée. Celui de Paris, ouvert le 3 octobre, « correspond à son atelier et à l’histoire de la maison de couture avenue Marceau, confie le directeur. C’est à Paris que s’inscrit la création, mais l’inspiration vient de Marrakech. Ici, nous souhaitons restituer cette dualité d’Yves Saint Laurent entre le baroque et l’arabesque, le noir et la couleur, entre la France et le Maroc. Il y avait une vraie légitimité à créer ce musée dans ce lieu ». 

 

 

 

L'article dans son intégralité est à retrouver dans le numéro 40 de Diptyk bientôt en kiosque.

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