À 93 ans, cette grande figure de la modernité a su imposer un autre récit de l’histoire de l’art sur la scène internationale. Celui d’une identité artistique extra-occidentale, à la croisée des influences arabes et africaines qui caractérisent le Soudan qui l’a vu naître.
Le 9 novembre 2023 à Londres, le marteau frappe chez Christie’s pendant la vente « Marhala : Highlights of the Dalloul Collection » : l’œuvre d’Ibrahim El-Salahi intitulée Palm Tree est adjugée à 44 100 livres (55 065 dollars). Réalisée en 2001, Palm Tree fait partie d’un ensemble d’œuvres dans lesquelles l’artiste soudanais représente des arbres appelés haraz (Faidherbia albida, un cousin de l’acacia) qu’il choisit d’illustrer dans un style abstrait. Empreint d’une force spirituelle, le travail de composition mêle plusieurs inspirations qui témoignent de l’importance qu’accorde l’artiste à la richesse de ses origines. En célébrant le multiculturalisme qui définit le peuple soudanais, Ibrahim El-Salahi déconstruit la narration linéaire selon laquelle la modernité artistique serait propre à l’Occident. Nourries de multiples influences, arabes, africaines ou occidentales, ses innovations techniques l’amènent à (re)construire des ponts entre les mondes et les peuples. Une terre de rencontre dont procède l’œuvre d’El-Salahi, à l’image des haraz qui l’ont tant fasciné et dont les racines s’étendent en Afrique et au Moyen-Orient.