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La vente africaine de Piasa veut créer la surprise

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En intégrant pour la première fois des sculptures à sa vente d’art contemporain africain, Piasa entend confirmer son statut de défricheur, contribuer à la sensibilisation des nouveaux entrants et collectionneurs, tout en œuvrant à l’expansion d’un marché qui tient ses promesses.

Piasa prépare sa 9e vente consacrée à l’art contemporain africain. Pour se démarquer des désormais nombreux concurrents sur ce secteur, la maison de ventes parisienne mise sur un segment prometteur : la statuaire. Les bidons syncrétiques de Romuald Hazoumé entrent en résonance avec les percutantes sculptures métalliques de Gonçalo Mabunda, sous le regard des figures longilignes de Ndary Lô. Pour Christophe Person, directeur du dépar- tement d’art africain chez Piasa, grand passionné de sculpture africaine – à laquelle il consacrera bientôt la Biennale internationale de sculpture de Ouagadougou (BISO) –, « le continent africain regorge de talents et de jeunes sculpteurs qui se distinguent par la singularité de leurs créations ». Si elle occupe une place historique dans la création africaine, la sculpture offre également une certaine visibilité à la scène contemporaine, qui profite de l’aura de certains grands noms de la sculpture, au premier rang desquels Ousmane Sow, connu du grand public depuis l’exposition du Pont des Arts, produite par Béatrice Soulé en 1999 et qui avait attiré près de 3 millions de visiteurs.

Joseph Ntensibe (né en 1953, Ouganda), Tropical Garden, 2018, huile sur toile, 150 x 200 cm

Le 15 mai prochain, Piasa présentera ainsi près de 150 œuvres modernes et contemporaines, dessinant un panorama de la diversité et de l’effervescence de la scène artistique du continent. Pour autant, ce marché de niche sort progressivement de l’ornière. Tant du côté des artistes que des collectionneurs, « il y a beaucoup de primo-entrants sur ce secteur de l’art contemporain africain », affirme Christophe Person.

Calixte Dagpogan (né en 1958, Bénin), assemblage d’objets trouvés

FAIRE DES DÉCOUVERTES

S’il est indispensable de dénicher les premiers, il est tout aussi nécessaire de sensibiliser les seconds : « Piasa ne se contente pas de présenter des artistes cotés, nous jouons un rôle qui va bien au-delà. Nous proposons des œuvres et des artistes d’origines différentes, qui méritent d’être découverts par le marché, et un catalogue qui contribue à mettre en lumière la chronologie et les spécificités régionales ».

Gonçalo Mabunda (né en 1975, Mozambique), armes de guerre décomissionnées

Tout en investissant ce marché, l’enseigne parisienne met l’accent sur « le curating des pièces sélectionnées pour leur intérêt, la façon dont elles s’inscrivent dans l’histoire de l’art et leurs indéniables qualités esthétiques. Cela nous permet de faire des découvertes autant en art moderne qu’en contemporain, comme en témoignait la collection Pierre Loos », vendue en septembre 2018, sous trois vacations : ethnographie, photographie et art moderne africain. La vacation de printemps montrera l’audace et la créativité de certains artistes comme le Camerounais Marc Padeu ou JP Mika de la RDC, qui bousculent les codes classiques en s’attaquant avec succès à la réinterprétation de l’histoire de l’art, sous leur prisme culturel et leurs influences multiples.

Gerald Chukwuma (né en 1973, Nigeria), acrylique sur bois et métal recyclé

TOUT EST DANS LE SOURCING

Si les ventes d’art contemporain africain se multiplient, à Londres, Paris ou Marrakech, elles essaient de se distinguer par la qualité du sourcing. Cette vente est construite grâce à un « vaste réseau de contacts, fins connaisseurs de l’Afrique, aux profils extrêmement variés, partageant néanmoins une même vision de l’art : valoriser les artistes encore trop peu visibles », explique Christophe Person. Ainsi, pour la première fois aux enchères, une création du jeune Sénégalais Ibrahima Dieye, aux côtés de ses compatriotes Soly Cissé, Aliou Diack et Kassou Seydou, dont une des œuvres s’est vendue à 33 800 € pendant la vente d’art contemporain africain de novembre dernier. Le catalogue présentera aussi des stars comme Chéri Samba, Aboudia ou Amadou Sanogo. Côté Maroc, Christophe Person mise toujours sur le jeune artiste Mohamed Saïd Chair, après l’avoir présenté fin mars en solo showau salon DDessin à l’atelier Richelieu à Paris.

Sanaa Gateja (né en 1950, Ouganda), Life line, 2018, perles de papier sur écorce de ficus, 290 x 200 cm

En parallèle de la vente d’art africain classique, une section de ventes aux enchères uniquement en ligne aura lieu du 7 au 15 mai. Elle se caractérisera par « un esprit plus design, qui appartient à l’ADN de la maison Piasa, et un focus sur le designer sénégalais à la renommée internationale, Ousmane Mbaye », et proposera notamment des créations en textiles africains des Burkinabés Hamed Ouattara et Abou Sidibé. Le profil des acheteurs fidèles à Piasa semble s’accorder avec l’émergence du digital dans ce secteur. Pour Christophe Person, il ne fait aucun doute que les ventes virtuelles connaîtront un développement considérable, encourageant ainsi à faire fi des frontières physiques. Et la diffusion des catalogues en ligne y contribue largement. Si Piasa met un point d’honneur à montrer « des artistes de tout le continent, qui n’ont pas toujours une structure en mesure de les faire participer à un événement international de type artfair », elle s’applique également à toucher et séduire un public plus large, « qui ne se déplace pas nécessairement dans les foires dédiées », grâce à leurs catalogues virtuels.

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