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LE MATCH DUBAÏ/ ABOU DHABI POUR LA CONQUÊTE DU MARCHÉ

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Pour évoquer le développement parallèle et concurrent d’Abou Dhabi et de Dubaï, il serait bon de s’appuyer sur les fables de Jean de la Fontaine. Au vu de ses déboires récents, Dubaï voyait trop grand, comme la grenouille qui se prenait pour un bœuf. Une autre parabole sied aux deux états voisins, celle de la cigale inconstante, Dubaï, et de la fourmi raisonnée, Abou Dhabi. Tous deux ont toutefois un point commun : un rythme plus proche du lièvre que de la tortue.

A la tête des Emirats Arabes Unis, Abou Dhabi a longtemps misé sur la manne pétrolière. Comptant parmi les plus gros producteurs de brut au monde, l’émirat a toutefois compris que l’or noir risquait un jour de se tarir. Pour rebondir, ce pays grand comme un mouchoir de poche affiche dès lors une ambition : devenir le carrefour culturel du Moyen-Orient. Commence alors un chantier pharaonique sur l’île de Saadiyat. En 2007, une convention est signée avec le Musée du Louvre pour la création d’une antenne dont la construction est confiée à l’architecte Jean Nouvel. Dans la foulée, un protocole est aussi conclu avec le Guggenheim de New York. Ces deux boutures devraient être inaugurées en 2013. Abou Dhabi avait dans un premier temps demandé aux organisateurs de la foire Art Paris de lui concocter en 2007 un salon d’art moderne et contemporain. Après deux éditions, les autorités ont préféré prendre les rênes de l’événement, rebaptisé Abu Dhabi Art et dont la première cuvée s’est tenue en novembre 2009. Sous leur férule, le salon a fait un grand bond, grâce à l’arrivée de quelques poids lourds du marché comme le puissant galeriste new-yorkais Larry Gagosian, le zurichois Hauser & Wirth et la londonienne White Cube.

Art Dubai, la visibilité pour l’art de la région

Quant à Dubaï, il n’a jamais joui des richesses pétrolières d’Abou Dhabi. Pauvre en ressources naturelles, la Babylone libérale a construit sa réputation sur le tourisme, les services et le commerce. Ce potentiel n’a pas laissé insensibles les maisons de ventes Christie’s et Bonham’s. La première y a organisé le 24 mai 2006 une vente d’art contemporain générant 8,4 millions de dollars. Des artistes moyen-orientaux, introduits parfois pour la première fois sur le marché, ont enregistré des prix douillets. Orbits of praize, une œuvre de l’Egyptien Ahmed Moustafa, s’est même vendue pour 240 000 dollars. Christie’s a depuis étendu son périmètre aux ventes de bijoux. De son côté, Bonham’s compte à son actif le record de 1 million de dollars obtenu en 2008 par l’artiste iranienFarhad Moshiri. Avant que les maisons de ventes ne commencent à quadriller la région, deux galeries de Dubaï se sont efforcées de promouvoir les artistes du Moyen-Orient : B21 et The Third Line, situées dans la zone industrielle d’Al Quoz et dont la clientèle se compose à 60 % d’Emiratis et, pour le reste, d’Occidentaux établis dans la région. Elles sont depuis peu rejointes par Empty Quarter, spécialisée dans la photographie. En 2007, Dubaï a vu apparaître une foire d’art contemporain, Gulf Art Fair, rebaptisée Art Dubaï dès sa deuxième édition. Malgré un commerce très embryonnaire, le salon a peu à peu pris son essor, en réussissant à convaincre des galeries réputées commeKamel Mennour ou Chantal Crousel et surtout en offrant une véritable plateforme de visibilité pour l’art de la région. Tant que Dubaï s’en tenait à un hub commercial, les prés carrés étaient parfaitement définis entre les deux émirats. Mais, alors même qu’Abou Dhabi avait lancé son chantier muséal, Dubaï s’est aussitôt mis en tête de créer une institution encyclopédique avec l’appui des musées de Berlin, de Dresde et de la Pinacothèque de Munich ! Un projet resté dans les limbes. En revanche, un homme d’affaires iranien, Farhad Farjam, a ouvert en mars 2009 un musée privé dans le district financier de Dubaï pour y montrer sa collection d’art contemporain. (…)

Extrait de « Le match Dubaï/ Abou Dhabi pour la conquête du marché ».Retrouvez le texte intégral p. 108 sur diptyk n°4, février/mars.

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