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Majorelle l’Africain

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La vente « African spirit » réunit une trentaine d’oeuvres africanistes, dont onze toiles de Majorelle. Entretien avec Amélie Marcilhac, du cabinet d’expertise éponyme.
 

Quelle est la particularité des œuvres africanistes de Majorelle par rapport à l’ensemble de son œuvre ?


La beauté plastique qui se dégage de ces œuvres correspond à un désir d’exploration chez Majorelle. Il ne s’agit plus de décrire, tel un ethnologue, le Maroc des années 20, mais de montrer qui sont ces femmes noires qui lui plaisent tant. Les œuvres africanistes sont plus intimes, elles invitent le spectateur à entrer en contact direct avec son sujet. Majorelle les représente en portrait rapproché ou durant leur quotidien, afin que le specta- teur puisse s’imaginer assis à ses côtés en train d’étudier de près ces beautés à la peau couleur or sous le soleil.


Ces œuvres sont-elles plus recherchées que celles de la période marocaine ? En reste- t-il sur le marché?


Il s’agit d’une période de sa vie qui est assez recherchée sur le marché de l’art car Majorelle est l’un des seuls à avoir réussi cette retranscription esthétique si poussée. Cette période a duré jusqu’à la fin de sa vie, les œuvres sont assez nombreuses et hautement cotées sur le marché.


Que pensez-vous des onze pièces présentées dans la vente « African spirit ? »


C’est un très beau panel de l’œuvre de Majorelle. Il y a les premières heures sous le soleil égyptien avec La Halte des chameliers à Nokadah,où seule l’atmosphère ensoleillée et l’architecture prédominent sous le pinceau timide de l’artiste. Dans Le Souk des djellabas et Aït Ben Addou, la vie et les paysages du Maroc prennent tout leur sens chez celui qu’on appelait le peintre des kasbahs. Vient enfin sa dernière recherche esthétique, avec ces beautés de l’Afrique noire comme Le Foulard pourpre ou encore Scène de marché à Saint- Louis, où les djellabas bleues, le motif des étoffes et la dynamique de la composition nous entraînent dans cet espace lointain.


Comment expliquez-vous la fascination qu’exerce Majorelle sur le public par rapport aux autres artistes orientalistes ?


Jacques Majorelle n’est pas un ori- entaliste comme les autres, il a eu une démarche très différente. Il s’est établi à Marrakech très tôt, alors que les étrangers n’avaient pas le droit d’y acheter une parcelle de terrain, et a tenté de découvrir tous les paysages marocains grâce aux autorisations qui lui étaient délivrées. Sa recherche esthétique l’a conduit vers ces paysages, ces habitants et ces coutumes qu’il ne connaissait pas. Il s’est ensuite orienté vers la représentation de femmes noires nues qu’il faisait poser chez lui à Marrakech, avant de partir découvrir les villes dont ces femmes étaient originaires. Il a voyagé sans cesse de 1945 à la fin des années 50, avec une fascination sin- cère qu’il essayait de faire vivre dans ses toiles et au travers de ses sujets.


* Félix Marcilhac, fondateur du cabinet, est l’auteur de La vie et l’œuvre de Jacques Majorelle, ouvrage de référence qui va faire l’objet d’une réédition fin 2016 aux Éditions de l’Amateur.

Total de la vente : 1 286 130 € / 1 376 159 $ 
44 % vendu par lot 
1 € = 1,08 $
estimation de la vente : 1 593 000 € / 1 720 440 $

Lot 14 : Jacques Majorelle, Mère et enfant d’Afrique noire, détrempe sur papier 
prix : 411 000 € / 443 880 $ (est: 350 000 – 550 000 €) 
acheteur : Collectionneur Européen

Lot 17 : Jacques Majorelle, Marché à Macenta, Guinée, 1952, huile sur isorel 
prix : 249 800 € / 269 784 $ (est: 200 000 – 300 000 €) 
acheteur : Collectionneur Américain

Lot 10 : Jacques Majorelle, Aït ben Addou, Vallée de l’oued Mellah, Grand Atalas, La Séguia, 1929, gouache sur papier 
prix : 249 800 € / 269 784 $ (est: 200 000 – 300 000 €) 
acheteur : Collectionneur Américain

Lot 6 : Alexandre Iacovleff, Homme au turban, 1924, pastel sur papier 
prix 91 100 € / 98 388 $ (est: 50 000 – 70 000 €) 
acheteur : Collectionneur Européen

Lot 20:  Monique Cras, Femmes Nemadis, Oualata, 1941, huile sur toile 
prix : 70 000 € / 75 600 $ (est: 60 000 – 80 000 €)  
RECORD DU MONDE POUR UNE ŒUVRE DE L’ARTISTE AUX ENCHEREs 

acheteur : Collectionneur Américain


par Meryem Sebti 

 
Artcurial Paris, 9 novembre 2015
Exposition au Palace Es Saâdi du 29 au 31 octobre, Marrakech
 
Si vous souhaitez lire la suite de cet article vous le trouverez dans Diptyk #30
The Anti-Clock Project, 2015, poudre de graphite et graphite sur papier coton Courtesy de l’artiste et de la Barjeel Foundation
The Anti-Clock Project, 2015, poudre de graphite et graphite sur papier coton Courtesy de l’artiste et de la Barjeel Foundation
Yassine Balbzioui, angle rue Abdelmoumen et rue El Kasba, Rabat © Jidar 2016. Photo Chadi Ilias
Yassine Balbzioui, angle rue Abdelmoumen et rue El Kasba, Rabat © Jidar 2016. Photo Chadi Ilias
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