Du Sud au Nord, l’art cherche de nouveaux équilibres : migration vers le digital, mais aussi urgence à mieux représenter ceux qui manquent de visibilité. C’est la démarche de la foire nordique CHART qui, à l’instar de la Biennale de Rabat en 2019, décide de ne présenter que des artistes femmes pour son édition 2020.
Les femmes ne représentaient que 24 % des 27 000 artistes exposés dans les foires internationales en 2018. Ces statistiques du rapport 2019 sur le marché de l’art publié par Art Basel et UBS ont «ouvert les yeux» à l’équipe dirigeante de CHART, foire scandinave d’art contemporain et de design. Pour ce qui est des enchères, les œuvres produites par des femmes ne représentaient en 2018 que 8% des lots et 5% du montant total des ventes.
« Cela a fait naître [en nous] un sentiment d’urgence, surtout lorsque nous nous sommes rendu compte que ces inégalités n’avaient connu aucun changement significatif au cours des cinq dernières années, y compris dans les pays nordiques, nous a expliqué Beate Bernhof, directrice de communication de CHART Art Fair. Il nous a paru évident qu’un marché de l’art plus paritaire ne se mettrait pas en place de lui-même. Nous avons pensé qu’il nous fallait non seulement débattre de ce problème, mais aussi agir de façon radicale afin de créer un impact positif. » En ne présentant à la vente que des œuvres de femmes, CHART espère sensibiliser le public à la question, mais aussi «forger de nouvelles alliances» avec les galeries et les institutions, qui permettront de rééquilibrer la scène artistique.
28 galeries et 5 capitales
Mais pour exister cette année, en pleine crise sanitaire, la foire a dû « repenser [son] format de foire traditionnelle » qui en 2019 avait attiré 24 500 visiteurs de 35 pays à la Kunsthal Charlottenborg de Copenhague. Désormais elle sera éclatée en cinq capitales et 28 galeries, qui proposeront dans leurs propres lieux d’exposition les œuvres d’artistes femmes qu’elles représentaient déjà. En parallèle, de nombreux événements sont prévus, y compris en ligne, pour encourager et connecter les scènes artistiques locales durement touchées par la crise du Covid-19.
Parmi les quelque 70 artistes présentées, la plupart sont issues d’Europe du Nord, mais on retrouve la Libano-Palestinienne Mona Hatoum, la Kenyane instalée aux États-Unis Wangechi Mutu (représentées par la galerie Edition Copenhagen) ainsi que la Sud-Africaine Frances Goodman (galerie SPECTA, également de Copenhague).
Zoé Deback
Contemporary art from Africa and the Arab world Since 2009, published in Casablanca
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