Moulim El Aroussi raconte Art Dubaï

Dés qu’on s’introduit dans les espaces hyper climatisés de la foire un sentiment insolite enveloppe le corps : l’impression d’être dans la paradis universel de l’art. Une organisation impeccable, une équipe jeune et dynamique et entièrement à la disposition des quelques intellectuels invités en observateurs. Selon les documents de Art Dubaï 85 galeries de 34 pays et prés de 500 artistes, ont répondu présent, cette année. Les galeries ont présenté leurs œuvres selon trois programmes distincts : Contemporain, Moderne et Marker ; ce dernier programme approche l’art contemporain d’un angle différent, selon les responsables, car son organisation a été confiée à des commissaires qui ont décidé de mettre la lumière sur les arts de l’Asie centrale et le Caucase. La production artistique dans cette région du monde qui nous est restée inconnue, ne semble pas différente des pays arabes ; à croire que le despotisme provoque partout les mêmes réactions artistiques. Comme je l’avais déjà remarqué par rapport à l’art africain là où on s’attend au ludique c’est le tragique qui l’emporte. Très peu de dérision beaucoup d’approches politiques versées dans les métaphores et l’ambiguïté.

Le retour cette année de l’art moderne à qui on a dédié un espace important a été voulu par les organisateurs comme étant le moyen d’indiquer l’ancrage de la pratique artistique dans le monde arabe et le Proche Orient. Une manière de montrer au public, le plus large, la naissance légitime d’un art contemporain chez ces peuples. Une initiative certes louable, mais il me semble que certaines galeries n’ont pas saisi le signe et ont donc présenté des œuvres qui ne mettent pas cette idée en évidence : à partir des œuvres exposées il n’a pas été possible de déceler cette approche. Nous avions l’impression que des galeries, même de renommée internationale, arrivaient à Dubaï pour montrer aux collectionneurs ce qu’ils savaient déjà et non pas pour les étonner. Tout le travail didactique initié par les organisateurs était parfois oublié par certaines galeries. Ceci dit, des travaux de maîtres arabes tels que Adam Henein, Michel Basbous, Fateh el Mouderris ou encore Baya présentés par El Marsa, ont donné une tonalité particulière à la fête. Rasheed Araeen, le pakistanais, présenté par Grosvenor Gallery illustrait particulièrement cette démarche.

Quand on a l’habitude des galeries dans les grands centres de l’art contemporain on est très peu exposé à l’étonnement. Et pourtant, des galeries venues de New Delhi, de Londres même, de Beyrouth ou de Paris ont présenté des artistes qui retiennent l’attention. J’avais déjà parlé de Maimouna Guerresi, présentée par la galerie Tasveer, mais d’autres aussi ont retenu mon attention par la simplicité et la pertinence de leurs propos artistiques. Pascal Hachem présenté par Selma Feriani. L’une, Maimouna interpelle la paix et la grandeur de l’homme et l’autre, Pascal Hachem met le doigt sur le cannibalisme de l’homme. Sans grands ajouts ni artifice leurs œuvres disent notre temps.

Seul l’Atelier 21 représentait le Maroc avec les artistes contemporains que nous connaissons ; mais les artistes marocains étaient largement représentés par des galeries parisiennes, londoniennes ou autres.

Dubaï ne cessera pas d’étonner le monde. Parmi les partenaires de la Art Dubaï de cette année Dubaï Design District, une énorme institution de design, encore en chantier. Elle s’étale sur plusieurs hectares et a pour ambition d’être le carrefour incontournable du design dans le monde (design de mobilier, de mode ou encore architecture). Dubaï cherche tout simplement à se mettre pour un premier temps au niveau des trois grandes capitales de la mode : Paris, Londres et New York.