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Quand des artistes contemporains révèlent l’artisanat tunisien

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L’exposition « Hirafen » qui se tiendra à partir du 4 novembre à Tunis convie 19 artistes tunisiens et internationaux à collaborer avec des artisans spécialisés dans les métiers du fil et de la fibre. Une collaboration inédite placée sous le signe de la transmission et d’une pluralité de médiums. 

« Parler d’artisanat, c’est une manière de vivre et de sentir le monde ». C’est fort de cette intuition que Ludovic Delalande, co-commissaire avec Nadia Jelassi de l’exposition « Hirafen », invite 19 artistes internationaux à collaborer avec des artisans de la région. Parmi eux se retrouvent des figures incontournables de la scène contemporaine : Zineb Sedira, Abdoulaye Konaté, Joël Andrianomearisoa, Meriem Bouderbala ou l’artiste franco-marocaine Sara Ouhaddou.

Présentée sur un site entièrement rénové d’une superficie de 2000 m2, l’exposition qui tire son nom de la contraction de deux mots arabes (hirafi et fen désignant l’artisan et l’art), s’inscrit dans le cadre du projet Talan L’Expo, initié il y a dix ans par le directeur du groupe Talan, Behjet Boussofora, de concert avec la galeriste Aïcha Gorgi, directrice exécutive de l’évènement.

S’appuyant sur une diversité de médiums incluant aussi bien la photographie, la sculpture, l’art vidéo, des installations sonores que l’art du tissage ou du tressage, l’exposition entend surtout proposer une diversité de lectures d’œuvres intégralement produites pour l’occasion. « Parler d’artisanat, poursuit Ludovic Delalande, c’est aussi la possibilité de parler du paysage, des saisons, d’aborder les questions écologiques, mais aussi politiques. C’est réfléchir enfin aux questions de mémoire et de transmission d’un patrimoine immatériel qui passe d’abord par la main. »

Moffat Takadiwa, Golden Doors, 2023, sacs en plastique tissés, sacs, têtes de brosses à dents et bobines de ficelle. (c) Nicolas Fauqué pour Talan.

Place aux brodeuses 

L’exposition s’ouvrira sur plusieurs œuvres de l’artiste malgache Joël Andrianomearisoa, dont l’installation plastique et sonore Et si la main était l’histoire qui sera réactivée. Réalisée en collaboration avec des brodeuses marocaines et la comédienne Clotilde Courrau, cette proposition captivante, véritable ode à la main qui pense, avait été présentée pour la première fois au MACAAL, il y a quelques mois (« Our Land Just Like a Dream »).

L’exposition « Hirafen », qui donnera aussi la parole à des brodeuses à travers une œuvre collaborative inédite, sera surtout l’occasion de découvrir la richesse d’une scène contemporaine tunisienne parfois trop méconnue. On retrouvera avec plaisir les artistes Aïcha Snoussi, Ali Tnani, mais aussi Asma Ben Aïssa ou Mohamed Amine Hamouda. Ce dernier, originaire de la région de Gabès, s’attachant à créer ses propres pigments, teintures, fibres ou papiers à partir de l’écosystème des oasis menacé de disparaître, sera peut-être l’une des révélations d’un projet que l’on scrute déjà avec une grande curiosité.

Olivier Rachet

Exposition « Hirafen », Ateliers du Centre Technique du Tapis et du Tissage, Denden, Tunis, du 4 novembre 2023 au 20 mars 2024.
Avec Majd Abdel Hamid, Joël Andrianomearisoa, Asma Ben Aïssa, Meriem Bouderbala, Dora Dalila Cheffi, Binta Diaw, Jennifer Douzenel, Aïcha Filali, Mohamed Amine Hamouda, Sonia Kallel, Abdoulaye Konaté, Aymen Mbarki, Chalisée Naamani, Sara Ouhaddou, Zineb Sedira, Aïcha Snoussi, Moffat Takadiwa, Ali Tnani, Najah Zarbout.
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