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Redécouvrir l’univers du signe d’Aïssa Ikken

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Au-delà de l’hommage rendu par le musée Bank Al-Maghrib à cet homme polyglotte que fut Aïssa Ikken (1937-2016), la monographie que lui consacre aujourd’hui Soukaïna Regragui permet de plonger dans l’univers foisonnant d’un artiste qui excellait aussi bien dans le dessin, la peinture, le roman, la sculpture que la création de bijoux. 

C’est le portrait d’un homme ayant œuvré au service du public que nous propose, dans un premier temps, Soukaïna Regragui dans son livre L’errance d’Aïssa Ikken. D’abord fonctionnaire au sein du ministère de la jeunesse et des sports, puis du ministère de la culture, Aïssa Ikken reste encore aujourd’hui associé à l’organisation de plusieurs festivals tels que le Festival Al Ayta de Safi ou le Festival International de Volubilis. Cette carrière n’occulte pourtant en rien les activités artistiques d’un créateur qui exerça aussi bien dans le dessin, la peinture, le roman, la gravure ou la sculpture.

Aïssa Ikken, Portrait, technique mixte sur papier, 58 x 75 cm.

Le signe reste au centre d’une œuvre dont l’autrice – qui fut sa compagne – insiste à raison sur la dimension universelle. « Les formes qu’il peint, écrit-elle ainsi, relèvent d’une symbolique plus que d’une sémiotique. » Sans ancrage identitaire revendiqué, ces signes aux formes multiples que Aïssa Ikken disséminait sur l’ensemble de ces dessins, qu’ils soient à l’encre de Chine ou à l’acrylique sur papier écru, tendent parfois vers une figuration abstraite assez inédite pour l’époque. « Toute mon approche artistique, écrivait de son côté l’artiste, est basée sur le signe. Quel signe ? Le signe narratif, le signe décoratif, le signe sociologique, le signe métaphysique, le signe symbolique, le signe alphabétique ? C’est tout cela. » 

Soukaïna Regragui montre, à travers un ouvrage nourri de nombreuses illustrations, qu’avec le temps le signe s’émancipe vers une dimension plus charnelle comme en témoignent les sculptures en bronze figurant des danseuses ou des corps en mouvement. Artiste polyglotte, Aïssa Ikken n’eut de cesse enfin de parcourir le monde, de la Turquie à la Corée du Sud où il expose en 2014 au Jeonbuk Museum of Art (Errance du signe) dans un dialogue fécond avec une civilisation attachée elle aussi ancestralement au pouvoir du signe.

Olivier Rachet

L’errance d’Aïssa Ikken, de Soukaïna Regragui, éditions Musée de Bank-Al-Maghrib.
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