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Comment Emmanuel Taku est devenu si convoité

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Après un passage à la Noldor Residency qui lui a servi de rampe de lancement, Emmanuel Taku a très vite rejoint le club des artistes Ghanéens les plus performants aux enchères. Réinventant le portrait noir, ses œuvres ont cumulé 1,5 million $ sur le second marché en 2022.

Emmanuel Taku témoigne des corps noirs « dans une révérence puissante ». Il reconfigure pour cela l’imagerie objectivée des corps, celle de la mode et celle de la statuaire classique occidentale, en peignant des personnages noirs dans des poses résolues. Se dégage d’eux une qualité surnaturelle, hommes et femmes devenant les demi-dieux d’un temple métaphorique qui se veut, selon l’artiste, un « temple de la noirceur » face aux « temples de la blancheur » que sont les musées d’art occidentaux traditionnels.

L’invention d’un nouveau genre de portrait noir que développe Taku est comparable à celle des artistes britanniques Lynette Yiadom-Boakye et Lubaina Himid ainsi que de son compatriote ghanéen Amoako Boafo, avec qui il s’est formé au Ghanatta Institute of Art and Design. Ce trentenaire se distingue néanmoins de ses pairs par la mixité des techniques qu’il emploie : ses portraits figuratifs sont parfois augmentés de collages et souvent associés à un travail ornemental sérigraphié développé lors de sa résidence à Noldor en 2020.

Emmanuel Taku a été le tout premier résident annuel de Noldor, qui agit non seulement comme un incubateur créatif mais aussi une rampe de lancement pour les jeunes artistes africains. Fondée en novembre 2020, la Noldor Residency se présente comme le premier programme indépendant de résidence d’artistes et de bourses du Ghana pour les artistes africains contemporains et de la diaspora. Cette « résidence commercialement consciente » travaille main dans la main avec d’autres acteurs culturels, publics et privés, allant des fondations aux galeries, pour soutenir et diffuser la création contemporaine du Ghana.

Emmanuel Taku, A Red Pair, 2021, acrylique et papier journal sur toile, 147,3 x 129,5 cm. © Christie’s Vendu 144 000 $

Coup de marteau et de projecteur

À l’issue de sa résidence, Emmanuel Taku expose à Noldor une sélection de dix œuvres entre la fin de l’année 2020 et janvier 2021, sous le titre « Temple of Blackness – It Takes Two ». Ce premier solo show en entraîne un second, « The Chosen Few », présenté cette fois à la Galerie Maruani Mercier à Knokke (Belgique) en avril-mai 2021. Deux mois plus tard, la maison de ventes Phillips introduit Taku sur la scène internationale du marché de l’art pendant sa vente londonienne « New Now ». Assortie d’une estimation entre 14 000 $ et 21 000 $, la toile The Amethyst Pair atteint le seuil des 100 000 $ (95 930 $ frais acheteur inclus) à un moment où la demande est particulièrement vive pour les jeunes artistes ghanéens. Cette première réussite va en entraîner d’autres : Phillips réitère l’expérience en novembre 2021, cette fois à New York, avec la toile Sisters in Pink (2021).

Les quatre personnages sur fond rose partent pour 189 000 $ contre une estimation haute de 20 000 $. L’année suivante, Phillips cède huit toiles de Taku aux enchères, tandis que ses concurrentes Christie’s et Sotheby’s, ayant saisi le vif intérêt que suscitent ses œuvres, intègrent l’artiste à leurs ventes new-yorkaises, faisant d’Emmanuel Taku l’un des artistes africains les plus convoités de l’année 2022. Christie’s vend même une toile à Hong Kong au prix de 144 000 $ (A Red Pair, 2021) en mai 2002. Les toiles réalisées pendant la résidence Noldor sont les plus demandées aujourd’hui, car elles marquent un véritable tournant dans l’approche créative et la carrière de Taku. L’une d’elles a établi le record personnel de l’artiste à hauteur de 283 000 $ en mars 2022 (Sisters in Lilac, 2021, Phillips Londres).

Avec 1,49 million $ d’œuvres vendues aux enchères l’an dernier, Emmanuel Taku est devenu en quelques mois le troisième artiste ghanéen de sa génération le plus performant sur le marché de l’art mondial, derrière les incontournables Amoako Boafo et Isshaq Ismail.

Par Céline Moine, Artmarket by Artprice.com

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