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Saâd Hassani : Un atelier dans la lumière froide

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Balade dans l’antre du peintre figuratif, un ancien atelier de menuiserie où l’on navigue entre de vastes toiles aux allures de stèles et de plus petits modèles tout en émotion.
 

Retrouvée depuis peu dans le désordre de l’atelier, une petite peinture sur bois est posée sur une table, attendant d’être restaurée par l’artiste. Pour une première visite, sa présence est une révélation, car elle inscrit déjà, à plusieurs décennies d’intervalle, la problématique majeure de Saâd Hassani, à savoir la représentation de la lumière dans la peinture. Cet unique petit tableau ancien témoigne ainsi de la grande cohérence du travail. Déjà singulière dans son incapacité à préciser les objets qu’elle dessine, à peine effleurés dans leurs contours, à peine distincts les uns des autres, la nature morte se laisse plus deviner que définir. Sa monochromie évoque celle de Morandi, mais diffère par son épaisseur. Car la matière est légère. Le support, à peine recouvert, participe pleinement des rapports de blanc et d’ocre, balayé de traces décolorées comme si le temps avait fait passer la couleur. Ces subtiles différences de blanc soulignent la façon dont les objets surexposés prennent la lumière quand elle est d’Orient.  

Pourtant, la petite peinture, en parfait accord avec la froide et belle lumière d’ambiance qui fait la qualité d’un atelier, fait exception (qui confirme la règle) tant elle contraste avec les grands tableaux d’aujourd’hui qui sont aussi sombres qu’elle est éblouissante de clarté. 
 

Espace en suspension


Distribuées au gré des espaces libres de cet ancien atelier de menuiserie, les grandes peintures récentes ont une allure de stèles. De prime abord elles en imposent, comme le font les tableaux de Rothko qui suscitent un silence respectueux dans la chapelle de la Fondation De Mesnil à Houston. Ici, l’espace pictural, distribué en deux ou trois parties comme des lignes d’horizon successives, suggère une profondeur étonnante qui trouble et brouille notre sens du proche et du lointain. Dans cet espace en suspension, s’inscrit une silhouette aux contours indistincts, incapable de rester à la surface, sans toutefois disparaître totalement. La gamme des couleurs sombres et profondes, essentiellement rouges et bleues, évoque les valeurs chromatiques d’un Zurbaran, si l’artiste avait choisi la technique traditionnelle de la peinture à l’huile, superposant glacis sur glacis pour suggérer la lourdeur du beau tissu. 

Tout au contraire, ce qui ravit l’œil ici est la légèreté de la matière picturale qui semble effleurer la surface tout en suggérant une troisième dimension. 

Retrouvez la suite de cet article dans le prochain numéro de Diptyk Magazine #33

 

Saâd Hassani, Galerie Delaporte, Casablanca, à partir du 14 avril 2016.

un article de Claire Stoullig

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