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Simohammed Fettaka « Je suis tout le monde »

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Ses oeuvres racontent une enfance marocaine, la sienne, mais aussi la nôtre. Rencontre avec un artiste qui n’a rien perdu de ses rêves et de ses fragilités de petit garçon.
Grand, un peu dégingandé, lunettes Wayfarer en permanence sur le nez ou dans les cheveux, Simohammed Fettaka dégage une élégance surannée. Son foulard de soie noué avec soin et ses vestes légèrement oversize lui donnent des alluresbde zazou, la version années 40 du dandy. Une génération à laquelle on a pu reprocher une certaine inertie, mais qui avait choisi de résister à l’Occupation par la nonchalance et la musique. Si Fettaka n’aime pas particulièrement le swing, il est pourtant easy comme un air de jazz exécuté tout en douceur et en délicatesse. D’ailleurs c’est par la musique que tout a commencé pour ce Tangérois de 34 ans aux yeux de poète et aux éclats de rire improbables qui donnent l’impression que rien n’est jamais tout à fait sérieux. Car pendant longtemps, Fettaka a été artiste sans lesavoir. D’abord bassiste dans un groupe à midinettes et à succès, puis cinéaste amateur, il n’a eu de cesse d’expérimenter de nouvelles expressions. Ce qu’on appelle aussi communément être artiste. Il est surtout un personnage du Tanger arty, au parcours inégal mais sans scandale.
De l’innocence à l’ironie
La mort de son père, alors qu’il n’a que 7 ans, ne fait pas de lui un délinquant mais un grand solitaire doté d’une conscience aigüe de son enfance et de ses fragilités : « L’enfance m’est chère car elle est pleine d’impuissance.» Depuis, Simohammed Fettaka a gardé intacts les doutes et les rêves qui l’ont construit, matière première d’un travail structuré par une importante part autobiographique qui nous touche et nous ramène à notre propre condition. « Je crois que je suis tout le monde », nous confie-t-il, et on approuve en regardant les premières vidéos qu’il a réalisées après s’être fait la main sur des courts-métrages lors de son passage à la FEMIS ou à la Cinémathèque de Tanger.
Que ce soit dans The Greatest show on earth (2012) ou dans Iqraa (2013), les plus abouties, c’est d’une enfance marocaine qu’il nous parle : celle passée devant l’unique chaîne nationale qui ne se déridait qu’à 18 heures pour délivrer un contenu bricolé de récup et d’idéologie hassanienne (version locale du nassérisme). Ou encore celle des premiers voyages en famille où, au détour d’une route nationale, on se demandait comment (et pourquoi !) cette imposante devise patriotique – Dieu, la patrie, le roi – avait pu être ainsi reproduite à flanc de montagne. Une enfance marocaine qui, malgré une certaine précarité et ces rappels permanents à l’ordre et à la discipline, gardait toute sa fraîcheur et son innocence. 
Vous pouvez lire la suite de cet article dans le Diptyk magazine numéro #28
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