Maroc médieval : Au temps où les sciences parlaient arabe

L’exposition « Le Maroc médiéval, un empire de l’Afrique à l’Espagne », présentée à l’automne 2014 au musée du Louvre à Paris, se déploie à Rabat où elle retrouve une autre vie et une autre allure.

La présence de l’art médiéval au sein du Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain en étonne certains. Comme si notre jeune institution muséale se devait de s’enfermer dans un discours identitaire restrictif. Faut-il rappeler que depuis les années 80, l’espace muséal contemporain subit de nombreuses métamorphoses ? En effet, certaines institutions mettent au jour les liens entre différents régimes d’historicité, jouant de l’ambivalence et des effets produits sur les objets présentés. Autant de stratégies de conquête des publics, révélatrices de l’affirmation de l’événementiel et de l’intérêt généralisé pour les manifestations temporaires originales. Un point de vue nouveauFruit d’une convention de partenariat entre la Fondation nationale des musées et le musée du Louvre, cette exposition historique, d’abord accueillie à Paris, est remarquable à bien des égards.

D’un point de vue scientifique, elle constitue une première très attendue, puisque aucun musée n’avait auparavant traité du Maroc médiéval, période féconde de l’histoire du Maghreb, tant sur le plan intellectuel qu’artistique. Le champ des recherches sur l’Occident islamique est dominé par une forme d’historiographie qui appréhende les arts de l’Islam au Moyen-Age depuis l’Espagne musulmane. En effet, beaucoup d’expositions durant le XXe siècle ont été consacrées au territoire d’Al-Andalous sous le califat omeyyade de Cordoue. D’autres se sont intéressées au Maroc en le situant dans une chronologie plus vaste incluant l’Antiquité ou les périodes modernes. Il est cependant un aspect que l’on connaît moins, c’est celui du glissement du centre de l’Occident islamique vers le Maroc. Cette exposition rectifie la perspective en opérant un changement de focale : la culture du Maroc médiéval est vue depuis la rive sud du bassin méditerranéen. Sans doute cette nouvelle approche a-t-elle été rendue possible grâce à l’évolution du débat scientifique. Les fouilles archéologiques menées depuis une vingtaine d’années sur le territoire marocain et le travail de remise en question historiographique effectué sur les sources anciennes ont permis de porter un regard neuf sur cette époque. De même que l’intensification des études consacrées à ce sujet chez les chercheurs marocains contribue pleinement à l’avancement de la connaissance et au renouvellement de la démarche. 

« Le Maroc médiéval, un empire de l’Afrique à l’Espagne » Musée Mohammed VI d'Art Moderne et Contemporain, Rabat, jusqu’au 3 juin 2015

Vous pouvez lire la suite de cet article dans le Diptyk magazine numéro #28