Dans un virtuose premier roman, Aram Kebabdjian décortique le milieu de l’art contemporain en mettant à jour les rouages et les acteurs qui y déterminent les valeurs.
Cela commence comme une utopie, avec la description de la CRAM, la Cité radieuse des artistes modernes, dans une ville et un temps imaginaires. Et cela se poursuit, tout au long de 500 pages palpitantes et pleines d’humour, par une féroce critique psychologique et sociale du monde de l’art contemporain. Aram Kebabdjian, lui-même antiquaire et fin connaisseur de cet univers, imagine une société où la culture est devenue le coeur de la vie sociale, avec une « politique culturelle avant-gardiste [qui] étouffa pour un temps les soulèvements populaires qui jusque-là avaient traversé le continent ».
L’auteur se penche avec une grande intelligence sur le « revers de la fable douce de l’esthétisme et de la démocratie culturelle » et en interroge l’économie.
Il brosse de savoureux portraits. Ceux des artistes, d’abord : peintres, sculpteurs, photographes, vidéastes, installateurs… toutes les tendances de l’art contemporain sont représentées, de l’« art procédurier » à l’« art participatif » en passant par les « bio-créations ». Aram Kebabdjian glisse même des clins d’oeil à des artistes réels comme Sophie Calle ou Damien Hirst. Il y a aussi les galeristes, les critiques d’art, les collectionneurs et mécènes, les commissaires-priseurs, les fonctionnaires de la culture, directeurs de musées ou commissaires d’exposition.
par Kenza Sefrioui
Les désoeuvrés, Aram Kebabdjian, Seuil, 528 p., 270 DH
La suite de cet entretien est disponible sur Diptyk magazine #30 en kiosque et en ligne
