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Toni Maraini répond à la polémique autour des plafonds peints par Melehi

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Contactée par nos soins, la critique d’art Toni Maraini, ex-femme de Mohamed Melehi, partage ses réflexions autour de la polémique en cours sur la vente des œuvres intégrées de l’hôtel Les Roses du Dadès. Elle y voit une occasion unique de porter sur la place publique la question de la préservation des sites du patrimoine moderne marocain.

« Si la vente programmée chez Artcurial fait « couler beaucoup d’encre » c’est qu’elle souleve plusieurs problèmes importants. Il faut toutefois l’envisager non pas comme une polémique mais plutôt comme l’occasion d’un débat ouvert sur des questions de fond.  Inutile de jouer sur les divergences  des opinions car c’est de certains principes concernant à la fois la politique des institutions, les lois de sauvegarde du patrimoine et le propre de l’art qu’il s’agit. En particulier, le concept d’intangibilité des œuvres de création. Accepte-t-on le démantèlement et la dispersion des pièces d’un ensemble originel ? Si oui, alors on risque de cautionner ce marché d’œuvres soustraites à leurs lieux et fonctions tant dénoncé partout dans le monde ces derniers siècles et au sujet duquel des lois et politiques à la fois nationales et internationales furent conçues pour le régler dans un cadre juridique approprié.
Certes, le marché de l’art a ses lois et démarches, son rôle important et ses procédures légitimes, mais autant légitime est d’en discuter au niveau culturel, qu’on lise à ce propos « Malaise dans les Musées » de Jean Clair!… Malheureusement, nous vivons dans une époque néo-libérale où il est difficile de faire valoir un débat raisonné tant le discours culturel est happé par logique marchande et glamour publicitaire.

 

Mais après des années de silence et, parfois, de détérioration d’un nombre de sites du patrimoine, la controverse en cours a le mérite de porter ces questions sur la scène publique. Outre à interpeller les instances préposées, elle fait comprendre que le « patrimoine » n’est pas seulement celui Ancien ou Traditionnel mais inclut au Maroc une Modernité historique irremplaçable. Après un demi siècle, la phase heureuse d’architecture et projets d’intégration artistique – qui avaient utilisé matières, formes, agencements d’espaces, et corps de métiers particuliers dans le respect des lieux et paysages –  est un acquis de mémoire.  Il est normal qu’on s’interroge sur son futur. »

Toni Maraini 

 

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