Taper pour chercher

Trois talents de l’art africain

Partager

« L’Afrique a du génie » met à l’honneur la photo et la vidéo du continent. Des oeuvres d’une rare intensité.

Marie Moignard

Présentée en avant-première du 3e forum Afrique Développement en février, la nouvelle exposition de la fondation Attijariwafa bank confirme la visibilité grandissante de l’art africain au Maroc. « Nous avons voulu montrer un art africain ancré dans la réalité concrète et actuelle, éloigné d’une africanité-cliché, qui voudrait imposer le masque, entre autres, comme repère identitaire pour la pratique artistique », explique Ghitha Triki, responsable du pôle Art & Culture de la fondation.

Pas de masques donc, mais trois génies de l’art africain aux pratiques très éloignées, réunis sous le thème de l’image projetée. On retrouve avec plaisir les tirages grand format du photographe marocain Khalil Nemmaoui, avec ses roadtrips presque cinématographiques à travers la campagne marocaine, dont les personnages sont les arbres et les maisons qui s’y accotent (La maison de l’arbre, 2010) ou les éléments d’un décor dont l’action reste en suspens (E.qui.lib.ri.um, 2013-2014).

La couleur des sentiments

 La plasticienne Michèle Magema, primée à Dak’art en 2006, explore le déracinement entre son Congo natal et la France. Jouant des symboles identitaires entre ces deux cultures, la vidéo Fleurs de lys (2006), par exemple, rappelle que cet emblème royal était aussi celui dont on marquait les esclaves noirs au fer rouge. Femmes sacrifiées par les conflits, trajectoires d’enfants d’immigrés, Magema réussit à donner une couleur poétique à ces sentiments mêlés, comme dans l’énigmatique Color as feelings (2014).

Notre coup de coeur de cette exposition est le génie pastoral de Saïdou Dicko. Ancien berger peul au Burkina Faso, il a appris à dessiner à l’âge de cinq ans en traçant les ombres de son troupeau sur le sable. Récompensé maintes fois à Dakar et à Bamako, il parle de ses photographies d’ombres comme de ses «enfants ». Fasciné par ces contours projetés du monde, depuis 2005 il ne photographie que des silhouettes. Captées au Burkina Faso, au Sénégal, au Congo ou en France, les ombres de Saïdou Dicko abolissent les différences et recentrent notre regard sur l’essentiel. Il les rassemble parfois sous la forme de motifs pour en faire de nouvelles interprétations de tapis peuls. OEuvre à ne pas manquer, la reconstitution contemporaine d’une case du Sahel, où le visiteur est invité à pénétrer les mystères de cette terre menacée.


« L’Afrique a du génie » 
Saïdou Dicko, Michele Magema et Khalil Nemmaoui
Espace d’art Actua Attijari Wafabank
du 14 mai au 27 septembre 2015

x
seisme maroc

La rédaction de diptyk se joint aux nombreuses voix endolories pour présenter toutes ses condoléances aux familles des victimes du séisme qui a frappé notre pays.

Nos pensées les accompagnent dans cette terrible épreuve.

Comme tout geste compte, voici une sélection d'associations ou d'initiatives auxquelles vous pouvez apporter votre soutien :