UN MUSEE QUI RACONTE ENFIN NOTRE HISTOIRE

On pensait avoir tout vu ? L’accrochage de la période moderne du MMVI est plein de surprises : des pionniers inconnus aux œuvres de jeunesse des grands maîtres… Et des œuvres d’exception qui font l’histoire.

Par Farid Zahi, chercheur et critique d’art

Un musée d’art moderne et contemporain ! Nous voilà enfin libérés de la vision de Lyautey qui, plus d’un siècle, a régné sur les consciences au Maroc, pour avoir sciemment considéré l’artisanat comme l’art majeur des Marocains. Pas totalement puisque la bâtisse, avec ses arcades et ses ornementations extérieures, n’en donne pas une impression de libération complète. Mais l’acquis est là, incarnant une volonté, pour longtemps en hibernation, de hisser l’art et ses lieux en symboles d’une modernité dont l’anachronisme n’enlève rien à sa nécessité pressante.

De l’intérieur, le musée révèle la beauté de ses espaces et la luminosité attrayante de son entrée. Le sentiment d’être dans un véritable espace muséal nous envahit et une joie empreinte de fierté rythme nos pas.

L’exposition inaugurale vient ainsi consacrer un siècle d‘art plastique. Une histoire qu’on peut décrire, écrire et raconter. Une histoire qui peut se prêter à notre désir de visiter et revisiter. Exposer, présenter, rendre visible un art et une expérience artistique, tels sont, certes, quelques principes qui fondent la fonction d’un musée d’art moderne et contemporain.

Un double parcours

Riche en œuvres et en découvertes, le volet moderne de l’exposition peut être entamé par ses deux entrées : celle choisie par son commissaire Mohamed Rachdi et qui consiste à remonter le temps de cette histoire, à partir des œuvres photographiques de Lalla Essaydi. Démarche attrayante, puisque son personnage semble s’ériger en une Chahrazad qui, de récit en récit, de thème en thème et d’artiste en artiste, semble filer le labyrinthe d’une Histoire à construire, pas à pas, au fil de la visite…

Et une seconde entrée adoptant une attitude de quête de savoir et d’histoire. Commencer par le commencement, par le mythe de l’origine d’un art qui a surgi comme du néant, à travers la brèche d’une aventure dont les dimensions sont plus considérables actuellement qu’à l’époque ! Commencer pour redécouvrir un parcours historique, emprunter les sentiers de l’évolution et se laisser bercer par les découvertes : non d’un Ben Ali Rbati – dont l’œuvre est actuellement assez connue – mais plutôt par les miniatures si minutieusement dessinées (elles rappellent étrangement celles de l’Algérien Rassim) d’Abdelkrim Ouazzani. Et l’œuvre, encore inconnue, d’Abderrahmane Menebhi dans les années 30.

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