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EDITO 48: Vagues d’espoir

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Comme une force à laquelle il est difficile de résister, ce numéro est traversé de vagues. Il porte les répliques d’ondes venues d’un passé qui n’en finit pas d’ourler le présent. Comment comprendre sinon qu’à plus de 80 ans, Mohamed Melehi demeure l’archétype de l’artiste d’avant-garde, porte-drapeau du Maroc post-colonial et de la modernité, avec une œuvre que l’on célèbre en même temps à Rabat, pour les 60 ans de la CDG, et à Londres, où The Mosaic Rooms s’intéresse à Melehi peintre, photographe, designer, enseignant et activiste culturel, dans l’exposition « New Waves ».

Aujourd’hui encore, tout comme Victor Vasarely, son aîné de trente ans, dont la rétrospective déchaîne les foules au Centre Pompidou, Melehi est un artiste total, qui a donné son décor et sa bande-son à une époque, avec son intuition d’un art au cœur de la société, radical, minimal et pourtant simple et accessible à tous. Un texte de Brahim Alaoui retrace les vingt années décisives de ce parcours ondulatoire.

Dans la logique d’un art total, intégré à la vie, en porosité avec écrivains, architectes et cinéastes, les vagues de Melehi mirent en mouvement une frange du cinéma marocain auquel nous consacrons notre dossier d’avril. Après avoir visionné la version restaurée du film de Mostafa Derkaoui, De quelques événements sans signification, notre journaliste Olivier Rachet a eu l’idée d’aller à la rencontre de chercheurs qui tentent d’écrire l’histoire de cette nouvelle vague marocaine, jalonnée de films esthétiques et subversifs, mais longtemps interdits, effacés ou oubliés.

Ce n’est pas une vague, mais une rose des sables, autre motif de la nature en mouvement, qui à Doha donne forme au musée conçu par Jean Nouvel et inauguré la semaine dernière, dont notre reporter Marie Moignard rapporte un récit enthousiasmant. « Le musée n’est plus un lieu. Aujourd’hui, c’est une idée », confie Adam Weinberg, directeur du Whitney Museum of American Art de New York. Immersif, organique et utérin, le concept de ce bâtiment hors norme devrait porter son onde de choc bien au-delà de l’émirat.

Si, comme l’écrit Camus, « la pensée d’un homme est avant tout sa nostalgie », que dire de celle d’un pays ? Quel principe d’action, quel mouvement, quelle vague peut encore agiter le monde de l’art en 2019 ? Si l’on en croit le curateur Abdelkader Damani, à qui il reste quelques mois pour sortir Rabat de sa torpeur patriarcale, une biennale exclusivement féminine peut avoir cette vertu. Ce choix programmatique, auquel je vous engage à réfléchir en dehors des cadres habituels binaires, répond au principe que « l’on ne peut pas faire une biennale si l’on ne répond pas à une urgence ». L’urgence, en 2019, est de « changer d’imaginaire en espérant changer le réel».

Meryem Sebti 
Directrice de la publication et de la rédaction
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