La pointure de l’art contemporain marocain investit l’antique Meknès pour jouer sur la notion de révélation, entre enfermement et liberté.
Aujourd’hui, les jeunes gens de Meknès viennent se réfugier dans la prison Kara pour leurs rendezvous secrets. Que pensez-vous de ce phénomène de réappropriation du patrimoine ?
C’est naturel qu’un lieu se mue en autre chose avec le temps. Les lieux patrimoniaux ne sont pas figés dans le temps, ni dans ce qu’ils ont représenté par le passé. La prison Kara est devenue un lieu de liberté et de rencontres. Pour prendre un autre exemple, un fameux musée en Tunisie s’est récemment transformé en un champ de bataille (le Musée du Bardo de Tunis a subi une attaque terroriste le 18 mars dernier,
ndlr). C’est confortable que les choses restent à leur place, avec des frontières bien définies. Mais tout peut changer à n’importe quel moment. Ce musée et la prison Kara en sont la preuve.
Que vous ont inspiré ces graffitis tracés par les amoureux meknassis ?
Ces graffitis et ces mots d’amours sont le témoignage d’une autre souffrance, d’un manque de liberté, à l’intérieur. La prison Kara est un milieu sombre et étouffant mais qui devient paradoxalement un espace de liberté. L’installation que j’y déploie est une lecture supplémentaire de cet espace.
En jouant sur les effets du temps, la course de la lumière dans les souterrains, révélant l’oeuvre par fragments, vous incitez le public à participer. Est-ce un moyen de mieux intéresser le public marocain,
qui va peu vers l’art contemporain et le patrimoine ?
La prison Kara est un espace où il est facile de se perdre. Mon travail sera vu au hasard de la promenade, selon les conditions de lumière différentes …
Vous pouvez lire la suite de cet article dans le Diptyk magazine numéro #28
Propos recueillis par Marie Moignard
