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[Work in progress] Maya-Inès Touam en tête-à-tête avec Matisse

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En résidence au mois de juin dernier à la Fondation Blachère à Apt, la photographe-plasticienne Maya-Inès Touam revisite les œuvres de Matisse et renouvelle son approche décomplexée des ready-made photographiques.

« N’est pas Matisse qui veut ! » : c’est forte de cette observation devant le brio avec lequel le peintre fauviste tend « à épurer ses traits » que la photographe Maya-Inès Touam s’est lancée, dans le cadre d’une résidence à la Fondation Blachère, dans la réinterprétation de quatre toiles du maître. Parmi elles se trouvent Icare, issue de la série Jazz de 1947 et une Nature morte aux grenades, peinte à Vence la même année. Un travail minutieux de (re)composition précède toujours la prise de vue : « Je prends tout d’abord connaissance du nombre d’objets présents dans la toile, explique la photographe, et je cherche à recréer la composition à l’identique ».

Alors qu’elle ne s’aventurait jusqu’alors que dans les natures mortes inspirées de la peinture flamande, Maya-Inès Touam s’autorise aujourd’hui des écarts d’autant plus grands qu’ils s’inscrivent dans une nouvelle contrainte formelle. Son travail sur la lumière s’en trouve ainsi renforcé : « La lumière de Matisse est frontale », explique-t-elle, alors que la sienne se veut « plus douce et filante, à la façon de Vermeer ». Finis les clairs-obscurs qui permettaient d’identifier du premier coup d’œil ses compositions photographiques. Bienvenus dans l’art du détournement décomplexé !

©Maya-Inès Touam

L’humour n’est d’ailleurs jamais loin comme le montre l’ajout d’objets aussi kitsch que des bouquets de fleurs en plastique se mêlant à des objets hétéroclites, dans la droite ligne des associations libres surréalistes. « Mon travail, ajoute Maya-Inès Touam, a aussi à voir avec l’idée de happening. » La torsion du corps du personnage de Jazz, tombant pourtant sous les balles, lui rappelle d’ailleurs le rituel vaudou des Egungun présent au Bénin et au Nigéria.

Pour l’heure, dans l’attente de la phase de post-production, l’artiste s’intéresse à un drapeau aperçu en France lors d’une manifestation de soutien au mouvement Black Lives Matter. Composé de tissus aux motifs empruntés à l’Afrique ou aux territoires d’Outre-Mer, cet objet pourrait inspirer un prochain travail de recréation. Maya imagine une carte de France revisitée, prenant la forme d’un patchwork rassemblant différents tissus en lien avec l’histoire coloniale. Un patchwork in progress, où s’entremêleront de nouveau les cultures.

Olivier Rachet

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