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1-54 en perpétuelle réinvention

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Pour sa 11e édition, 1-54 réunit à Somerset House 62 galeries, dont un tiers de galeries africaines. Des chiffres records depuis les débuts en 2013 de cette foire engagée qui propose chaque année de nouveaux formats pour mieux promouvoir la création africaine.

C’est un format XXL que propose cette année 1-54 à Londres. Si on retrouve dans la sélection plusieurs usual suspects comme October Gallery ou Primo Marella, cette édition accueille quatorze nouvelles enseignes dont la jeune galerie Christophe Person qui vient grossir le bataillon des galeries parisiennes venues capter un public anglophone.

Cette année, un tiers des participants sont des galeries africaines, au milieu desquelles le Maroc tire son épingle du jeu. Aux côtés de L’Atelier 21, Loft Art Gallery et Galerie 38 – des habitués de la foire – entrent dans la danse trois nouveaux espaces : So Art Gallery, MCC Gallery et la Fondation Montresso. Celle-ci, qui assume par la même occasion ici sa vocation commerciale, mise sur un duo d’artistes marocain et béninois, Hasnae El Ouarga et Dominique Zinkpè, tandis que la MCC Gallery s’offre un doublet.

Présente sur la foire où elle défend le travail de Mustapha Azeroual, Amine El Gotaibi et Yassine Balbzioui, la galerie fondée en 2019 par Fatim-Zahra Bennis investit également la Courtyard de la Somerset House avec une installation immersive produite pour l’occasion par son protégé, Amine El Gotaibi. Une première pour un artiste marocain. Avec Illuminate the light, El Gotaibi propose sept sculptures lumineuses desquelles jaillit de la fumée pour magnifier leurs formes. « Mon projet aborde la place de la lumière par rapport aux oeuvres d’art, explique-t-il. D’habitude, elle les éclaire donc elle n’est pas regardée. »

El Gotaibi s’inspire de la forme des graines de grenade, fruit métaphore de prospérité et de richesse depuis des siècles, ici utilisé par l’artiste pour symboliser celles de l’Afrique : « Chaque graine est unique, a sa particularité et sa forme. Chacune est riche, comme l’Afrique. On a l’habitude de voir l’Afrique comme un seul pays, une seule population, mais on ne voit que rarement sa richesse. C’est ce que j’essaye donc de souligner ici. »

Vue de la foire 1-54 à Somerset House, Londres, 2022.

Special projects à foison

Cette année plus que jamais, 1-54 déploie de nouveaux formats (special projects) qui viennent enrichir l’aspect purement commercial de la foire et affirmer un certain engagement auprès des acteurs culturels et des artistes du continent à qui elle offre un vitrine. Pour cette 11e édition, 1-54 braque notamment les projecteurs sur la fondation ghanéenne Nubuke et sur la plateforme artHARARE qui oeuvre pour la visibilisation des artistes zimbabwéens.

Du côté des artistes, la Ghanéenne Theresah Ankoma, connue pour tisser de la fibre de Kenaf, présentera son installation, yε yε dɔm ,au sein de la rotonde de la Somerset House. Autre special project très réjouissant, celui du collectif de designers Looty qui défrayait la chronique l’été dernier avec leur projet عودة راشد Return Rashid ! Ce collectif, basé à Londres, a digitalisé la Pierre de Rosette conservée au British Museum et symboliquement retourné cette version digitale à el-Rashid, lieu de découverte de l’artefact. Un travail autour de la difficile question de restitution des oeuvres d’art africaines.

Prévisualisation de l’oeuvre d’Amine El Gotaibi, Illuminate the Light, conçue pour la Courtyard de Somerset House. Installation de sept sculptures en acier Corten. Courtesy de l’artiste et MCC Gallery Marrakech. Digital rendering © Mouad Laalou.

La foire innove et se développe. Elle irradie aussi dans d’autres lieux que la Somerset House, plus précisément chez Christie’s, l’un de ses partenaires historiques avec qui elle resserre un peu plus les liens en proposant, du 10 au 13 octobre, dans l’espace de la maison de ventes au 8 King Street, une exposition pop-up. Une façon d’occuper un peu plus l’espace pendant cette semaine arty en partie accaparée par le mastodonte qu’est la Frieze Art Fair.

Cette exposition éclair, « Transatlantic Connections : Caribbean Narratives in Contemporary Art », entend dresser un portrait des pratiques caribéennes et diasporiques des cinquante dernières années et proposer des liaisons d’un bout à l’autre des océans et des générations. À travers la sélection de vingt artistes issus des Caraïbes ou y vivant – dont la lauréate britannique de la dernière Biennale de Venise, Sonia Boyce – seront abordées les questions de migration, d’héritage et les intersections qui se tissent, par l’art, entre ces mouvements et les différentes cultures qu’ils tissent. Le signal est donc clair.

Avec la profusion de special projects, 1-54 affirme encore sa singularité et son ambition de poursuivre la mission qu’elle s’était donnée dès le départ : donner à voir des scènes artistiques jusqu’alors peu considérées par le marché de l’art et contribuer à les inscrire durablement dans les consciences et dans l’histoire de l’art tout court.

Par Horya Ben Makhlouf et Emmanuelle Outtier

1-54 Art Fair, Somerset House, Londres du 12 au 15 octobre 2023

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