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1-54 MARRAKECH : ACTE 2

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Avec 18 galeries dont 7 issues du continent africain, 1-54 assume son format décontracté et intimiste, qui a largement séduit les professionnels l’an dernier. On attend davantage les collectionneurs africains, discrets lors de la première édition. Avec son programme riche en talks et en special projects, 1-54 entraîne dans son sillage tout une ville qui ne demande qu’à devenir une place forte en Afrique.

La 1ère édition de 1-54 sur le continent était attendue au tournant. Installer cette mouture africaine à Marrakech minimisait les risques, il est vrai. À quelques heures de l’Europe, la ville attire facilement les collectionneurs occidentaux, qui restent les principaux acheteurs d’art contemporain africain. Il n’empêche, ce coup d’essai avait sa part d’inconnu. La foire naviguait seule, sans l’appui d’un événement comme la Frieze Art Fair qui a participé au succès des premières éditions londoniennes et new-yorkaises.

Arriverait-elle à trouver son public, alors que la Cape Town Art Fair se déroulait quelques jours plus tôt ? Avec 4 000 visiteurs, dont les représentants de la Tate, du MoMA ou du Centre Pompidou, Touria El Glaoui se dit plus que satisfaite : « Il était très important pour moi de prouver que Marrakech a une stature internationale, propice aux rencontres entre galeries et collectionneurs, avec un véritable marché artistique. C’est chose faite ». Côté ventes, le temps était aussi au beau fixe et certains galeristes rempilent cette année les yeux fermés. L’an passé, Cécile Fakhoury affichait sold out à la fin du week-end. Deux toiles du prometteur Malien Amadou Sanogo trouvaient acquéreur à 16 000 euros pièce et l’un des « sapeurs » de JP Mika à 18 000 euros sur le stand de Magnin-A (Paris).

Tous ne peuvent pourtant se targuer de si belles ventes, contrariées par une procédure d’expédition des œuvres différée : le régime des douanes au Maroc tarde encore à satisfaire les besoins de tels événements de marché international, les œuvres entrant au Maroc sous le régime d’importation temporaire devant repasser par leur pays d’origine avant d’être envoyées aux acheteurs.«Nous avions quelques petites pièces que les collectionneurs auraient souhaité emporter directement à la fin de la foire », remarque-t-on à la Loui Simone Guirandou Gallery (Abidjan). Cela n’a pas empêché cette galerie ivoirienne de signer pour un second round, elle pour qui le label 1-54 permet de «confirmer sa présence au sein du club des galeries africaines professionnelles».L’un de ses artistes, Nu Barreto, était approché par la galeriste parisienne Nathalie Obadia, venue arpenter les allées comme nombre de professionnels curieux de prendre le pouls de la création du continent. Résultat, Obadia exposait l’artiste guinéen quelques mois plus tard à Paris. Un coup gagnant pour les deux enseignes : « Cela conforte nos choix, explique la directrice de Loui Simone Guirandou Gallery, Nicole Louis-Sidney. Les collectionneurs qui ont acquis les œuvres de Barreto chez nous sont satisfaits de les voir prendre de la valeur. »

ATTIRER PLUS DE COLLECTIONNEURS DU CONTINENT

Les indicateurs sont-ils tous au vert ? Avec son format « bou- tique », en partie imposé par l’espace prestigieux mais res- treint de La Mamounia, la seconde édition affiche quelques belles prises. La présence de Goodman Gallery (Johannes- burg/Le Cap) souligne les liens étroits qui se tissent désor- mais entre le nord et le sud du continent. Malgré l’instabilité du rand (la devise sud-africaine), l’enseigne vient conquérir un public qu’elle ne connaît pas bien. Opération séduction oblige, elle sort l’artillerie lourde avec une sélection qui compte des artistes confirmés comme Mounir Fatmi ou Wil- liam Kentridge, et les tirages iconiques du maître sud-africain David Goldblatt, disparu l’an dernier.

Les « modernes » africains ont le vent en poupe. Vigo Gallery (Londres) consacre un solo show à l’artiste soudanais Ibrahim El-Salahi, figure incontournable du modernisme africain. Son travail, qui renouvelle la calligraphie arabe en y distillant des influences surréalistes, a intégré l’an dernier les collections du MoMA et du Guggenheim Abu Dhabi. La galerie Mikael Andersen (Copenhague) revient quant à elle avec des toiles d’Ernest Mancoba, affilié au mouvement CoBra, tandis que Nathalie Obadia (Paris), cette année exposante, mise sur les portraits de Seydou Keïta, tout en superpositions de motifs. Globalement, les enseignes de retour cette année – près des deux tiers des exposants – présentent les artistes qui ont fait leur succès l’an dernier. À quelques variations près. Aux côtés des broderies de Joana Choumali, des paysages performatifs de Hicham Benohoud et des dessins philosophiques de Mohamed Lekleti, la Loft Art Gallery (Casablanca) mise sur la nouvelle série de collages de son protégé Siwa Mgoboza. Avec Blinded By The Ancestral Grace, Mgoboza use de morceaux de shweshwe, tissu traditionnel sud-africain symbolisant les relations complexes entre l’Europe et l’Afrique. On redécouvre également la scène souirie, injuste- ment réduite à sa dimension d’art naïf et qui retrouve ses lettres de noblesse grâce à la galerie Siniya28 (Marrakech).

Cette année encore, les galeries, lieux indépendants et musées de la ville, MACAAL en tête, se mettent au diapason pour imposer Marrakech comme un rendez-vous artistique pérenne sur le continent. Reste à savoir si la foire de Touria El Glaoui arrivera à drainer, outre les amateurs d’art locaux, les collectionneurs du reste du continent, peu présents lors de la 1ère édition. C’est, reconnaît-elle, le prochain challenge de 1-54 Marrakech.

 

1-54 Contemporary African Art Fair Marrakech, le 23 et 24 février, la Mamounia.

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