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[Work in progress] Mariam Abouzid Souali revoit ses classiques

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Du confinement, que restera-t-il ? Avec Work in progress, nous vous proposons de plonger dans les travaux et réflexions qui animent les artistes pendant cette période de réclusion forcée. Ici, Mariam Abouzid Souali revisite l’histoire de l’art.

Pour Mariam Abouzid Souali, éloignée de son atelier, le confinement n’est nullement synonyme d’oisiveté. Si ses pensées se sont d’abord tournées vers les enfants présents dans ses toiles et dessins dont elle s’est dit qu’ils devaient eux aussi « souffrir de cette inertie », très vite ses carnets se sont rappelés à elle. Autant de croquis, d’esquisses lui permettant de dialoguer avec une histoire de l’art qui la fascine. Dans le prolongement de sa toile Mare Nostrum où elle se confrontait à la monumentalité du Radeau de la Méduse de Géricault, Mariam Abouzid Souali va puiser son inspiration actuelle dans les œuvres de Giotto ou de Vermeer. « La crise que nous vivons n’est que la récurrence d’événements qui ont eu lieu dans l’Histoire », commente-t-elle. « L’être humain a l’habitude de ne pas voir la nature sacrée de ce qui est présent, ajoute-t-elle, c’est toujours le passé qui est sacralisé ». 

Mariam Abouzid Souali, image # 1, 2020, Jeu de reflets 1, 21x29.7cm, mines de plomb sur papier Canson grain fin 160g.

Pourquoi dès lors ne pas créer de nouveaux mythes, en accord avec les vicissitudes de notre monde ? La Laitière de Vermeer est ainsi l’occasion de revisiter le genre de l’autoportrait ; celui d’une artiste concentrée ici sur les tâches quotidiennes. Le pain, le lait : « c’est la question de la survie qui m’intéresse ici », commente l’artiste. La Fuite en Égypte de Giotto est relue à l’aune de la guerre civile syrienne que la pandémie actuelle aurait tendance à nous faire oublier. Quant à la toile de Brueghel, Le Triomphe de la mort, elle permet à Mariam Abouzid Souali de réfléchir à la dimension souvent allégorique de son travail. Autant de travaux préparatoires, à la mine ou à l’encre, qui donneront lieu à des toiles futures dans lesquelles l’artiste pense s’imposer la contrainte de garder les mêmes dimensions que les toiles originales.

Mariam Abouzid Souali, image # 2, 2020, Etude de ‘’La Laitière’’ de Vermeer, 21x29.7cm, mines de plomb sur papier canson grain fin 160g.

La situation que nous traversons est l’occasion de réfléchir au statut même de l’artiste et à la « nécessité qui est la sienne de créer pour survivre ». Et Mariam Abouzid Souali d’établir un parallèle entre le médecin et l’artiste, dont « le bénéfice de l’activité est direct » pour le premier ; indirect pour le second. « Pour autant, conclut la peintre, être artiste n’est pas un luxe ». Si l’art n’a guère le pouvoir de nous guérir, puisse-t-il continuer de nous sauver de la peur et de l’ennui.

Olivier Rachet

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