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ARTISTES MAROCAINES DE LA MODERNITÉ 1960-2016

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Après des mastodontes comme César et Giacometti, le Musée Mohammed VI propose « Femmes, artistes marocaines de la modernité 1960-2016 »: une exposition 100% home made et féminine, curatée par Rim Laâbi, qui prouve la capacité du MMVI à montrer sa propre production scientifique.

 

Vingt-six artistes. Uniquement des femmes. Le pari était risqué. En acceptant de curater « Femmes, artistes marocaines de la modernité 1960-2016 », la plasticienne et théoricienne de l’art Rim Laâbi avait conscience des critiques pouvant entraîner une exposition « genrée ». « Il est vrai que la notion d’un art des femmes représente pour moi une sorte de ghetto, un enfermement. Mais aujourd’hui, ce qui compte, c’est d’ouvrir le débat ». Et les détracteurs ne se sont pas fait attendre : « Avant même le vernissage, se souvient la commissaire, l’exposition a soulevé quelques remous sur les réseaux sociaux. Certains ont avancé que le meilleur service à rendre aux femmes artistes était de les confronter aux artistes masculins, sur un pied d’égalité ». Une antienne égalitariste, légitime et bien connue, qui trouve pourtant encore peu d’écho dans la réalité. Symptomatique, l’accrochage «Elles@centrepompidou » en 2009 à Beaubourg, exclusivement féminin, n’en révélait pas moins une carence dans les collections du musée, où moins de 20% des œuvres étaient signées de femmes artistes. « Aussi paradoxal que cela puisse être, ce ghetto, qui offre une visibilité à la production féminine, est une étape nécessaire », reconnaît Najia Mehadji, qui était présente à Pompidou en 2009 et participe aujourd’hui à l’exposition rbatie. « Force est de constater que, depuis les années 1980, le dépassement de cette étape n’est toujours pas acquis ». La prise de conscience se fait doucement au sein des institutions. Et l’initiative du Musée Mohammed VI – une première pour la jeune institution – s’inscrit dans cette volonté d’interroger la place de la femme dans l’espace muséal et artistique. 

 

La modernité comme posture

Le parcours thématique imaginé par Rim Laâbi se déploie selon une logique rhizomatique, servie par une scénographie tout en parois ajourées. Le dispositif crée un dialogue constant entre les œuvres : les « mères fondatrices » (Chaibia, Meriem Meziane, Fatima Hassan Farouj) côtoient les contemporaines, « dignes héritières de Marcel Duchamp », qui pour la plupart font leur entrée au musée. Cette exposition est pensée comme une promenade – ni début, ni fin –, comme une forêt à traverser pour y découvrir « les bourgeonnements, les interstices et les alliances entre les plasticiennes », souligne la curatrice. La modernité, fil rouge de cette exposition, est moins un marqueur temporel – la curatrice refuse le paradigme chronologique – qu’une posture des artistes face au monde, « insoumises, résistantes, poétesses ». Dès lors, la question se pose : qu’est-ce qui fait ici modernité ? « Ces artistes ont un mode de relation à l’égard du Maroc pluriel et du monde, une manière de regarder, d’agir, qui marque tout à la fois une appartenance et se présente comme une tâche : produire des émotions singulières, élargir la perception, autrement dit se défaire des clichés, de l’esprit borné », précise Rim Laâbi. De fait, les trois premières sections de l’exposition (« Quand la main pense », « Cette lumière intérieure » et « La vie dans les plis ») interrogent les créatrices dans l’affirmation de leur statut de peintre, et dans leur pratique traversée par la dialectique art/artisanat.

Meriem Meziane ouvre le bal. Première Marocaine à avoir suivi un enseignement artistique académique, elle offre au regard ses portraits de femmes dont la présence irradie, en opposition à l’image des « séduisantes » orientalistes, symbole d’une double domination masculine et colonialiste. Une très belle estampe, La Musicienne, issue de la collection particulière de Rachid Chraïbi, attire l’attention. Plus loin, quatre petits formats de Chaibia, prêtés par le peintre André El Baz, raviront les amateurs. Parmi ceux-ci, L’Homme-Oiseau (1968), remarquable œuvre dont on découvre en s’approchant qu’il s’agit d’un collage (…)

 

Retrouvez la suite de cet entretien dans le numéro #36 de Diptyk Mag actuellement en kiosque

 

 

Propos recueillis par Marylène Malbert

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