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LA JEUNE SCÈNE CHERCHE APPARTEMENT

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Installé dans l’ancien Comptoir des Mines, l’ex-QG de la Biennale de Marrakech accueille désormais les recherches de la scène émergente marocaine.

 

Le lieu est imposant. En plein cœur de Guéliz, un dédale de couloirs dans un écrin aux lignes Art déco. « L’blassa » s’est imposé comme le lieu tendance des deux dernières éditions de la Biennale de Marrakech en accueillant la scène émergente internationale. Aujourd’hui, Art Holding Morocco (AHM) reprend la main sur ce qu’il est désormais convenu d’appeler « le Comptoir des Mines » en référence à la fonction du lieu sous l’époque coloniale. Résidence d’artistes, galerie, restaurant « à la Andy Wahloo » (Paris) : les ambitions d’AHM sont aussi vastes que les potentialités du lieu. « Nous voulons montrer que l’art peut vivre autrement, pour que les gens sortent des galeries », explique son président Hicham Daoudi qui entend rejouer un rôle dans la promotion de l’art contemporain, six ans après l’expérience abrégée de Marrakech Art Fair. « C’est un lieu qui favorise les rencontres », reconnaît le président de la biennale, Amine Kabbaj. La prochaine édition migrera, de fait, vers « la Conserverie ». 

 

Trois ensembles forment le Comptoir des Mines : deux immeubles et un espace monumental, « le Hangar », qui accueillait pour la COP22 une exposition d’Amine El Gotaibi (lire p.80). Le bâtiment principal, qui ouvrira officiellement en mars, a vocation à abriter une résidence et « un espace d’exposition permanent qui respectera l’esprit du lieu », affirme Imane Barakat qui en assurera la direction. Après avoir fait ses classes à la Fondation nationale des Musées et à la dernière Biennale de Marrakech, la jeune femme connaît bien la scène émergente que le projet entend promouvoir. Côté résidence, la capacité d’accueil est importante – jusqu’à huit personnes – « mais l’idée n’est pas de faire de l’industrie », prévient Hicham Daoudi. La programmation reste à définir, les premiers projets seront axés sur la création contemporaine marocaine exclusivement. Mais chaque chose en son temps, nous dit-on. La compagnie clôture d’abord une double exposition temporaire opportunément conçue pour la COP22. Une sorte de mise en bouche avant le lancement en 2017. Cette première tentative, avec un solo show consacré à Abdelkrim Ouazzani et uneexposition collective, donnait à voir les futures orientations du Comptoir. 

Tout est question de dosage. Dans cette capsule estampillée COP22, valeurs sûres et artistes émergents se côtoient sans heurts. Abdelkrim Ouazzani expose à part sa « théorie de l’évolution ». On y retrouve les sculptures effilées d’un bestiaire étrangement familier. Poissons, volatiles, créatures fantasmagoriques, l’univers du sculpteur se déploie « au rythme d’une comptine de [l’]enfance », comme le souligne l’écrivain Jean-François Schaal dans le catalogue. Mais qu’on ne s’y méprenne pas. Les couleurs primaires qui font la marque de fabrique de Ouazzani ne peuvent dissiper une inquiétude latente : les poissons sont ici hameçonnés, là réduits à l’état de squelette. Les frêles figurines humaines jouent, quant à elles, les équilibristes. Ouazzani instille subrepticement l’idée d’un enrayement dans la marche du monde, ce sur quoi la seconde exposition lève toute ambiguïté. Une quinzaine d’artistes contemporains y abordent la thématique environnementale sous l’angle de la rupture. Le ton se fait alors résolument sombre. Des œuvres régulièrement exposées –  photographies de Hassan Hajjaj, Ma Taaboudoune de Youssef Ouchra…  – dialoguent avec des productions plus inhabituelles comme les Branchages de Yamou, tout en dégradés de gris. Le peintre abandonne ici les floraisons végétales, récurrentes dans son œuvre, pour révéler une nature infertile ou menacée, comme dans le grand format au titre suggestif (Game Over) de Rita Alaoui. Les coulures de peintures déstructurent la composition (…)

 

Retrouvez la suite de cet article dans le numéro #36 de Diptyk Mag actuellement en kiosque 

 

Propos recueillis par Emmanuelle Outtier

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