Cela faisait 6 ans que la Biennale n’y avait plus mis les pieds. Dans les espaces délicats et rénovés du Palais de la Bahia, la scénographie épurée de Reem Fadda laisse respirer les œuvres que l’on découvre au fil des salons, cours et alcôves de l’ancienne demeure du Grand Vizir Ba Ahmed. Ce choix du « less is more » est une vraie réussite !
Un choix d’œuvres engagées qui n’hésitent pas à prôner la résistance, alors que la commissaire Reem Faddah rappelait hier en conférence de presse que « la lutte pour un Palestinien est partout ».
Eric Van Hove
Installé maintenant à Marrakech, le chouchou de la dernière biennale 2014 réitère un coup de maître, en créant cette fois-ci un pont entre le Maroc et l’Indonésie. Ayant fait l’expérience de ces deux territoires, il a décidé de mettre en collaboration des artisans marocains et indonésiens à la fabrication d’un moteur Caterpillar (encore plus impressionnant que sa reproduction du moteur V12 Laraki il y a deux ans). Nacre, marbre, métal, bois ciselé et autres matières précieuses venus de ces deux pays rivalisent de beauté, magnifiées par les plus grands maîtres de l’artisanat. Avec en toile de fond, comme toujours chez Van Hove, une réflexion sur la perduration coloniale à travers l’industrie.
Isak Berbic
Ce photographe Bosniaque de 35 ans a investigué sur des sites archéologiques basés à Abu Dhabi. Ici, les archéologues doivent composer avec l’industrie du pétrole qui est partout : au fond des sols et dans les caisses de financement de ces recherches scientifiques. Comment font ces amoureux du patrimoine pour préserver l’Histoire face à la marche du capitalisme ? La réponse en images d’Isak Berbik est surprenante de justesse. Ses clichés majestueux de paysages, d’une grand maîtrise technique, laissent la part belle au territoire dans ce qu’il a de plus précieux : sa nature profonde, hors de toute spéculation financière.
Dineo Seshee Bopapé
Au fin fond de la Bahia, dans la dernière cour du palais, ne ratez par l’installation de cette artiste Sud-Africaine. Pour sa première venue au Maroc, Dineo Seshee Bopapé a réalisé la pièce la plus époustouflante : elle a réussi l’exploit de donner corps à une chanson sud-africaine luttant contre la discrimination des Noirs, notamment sur le droit du sol.
Pendant sa résidence d’un mois à Marrakech, elle a glané des matières premières en tous genres, des instruments de musique et de la terre issues de la région de l’Ourika, mélangée à celle d’Afrique du Sud, de Madagascar… En résultent un ensemble de sculptures aériennes, sensibles, et une installation de stickers aux murs. Une lutte pour le territoire en douceur mais qui vous saisit d’émotions, Dineo Seshee Bopapé étant la seule artiste ayant osé s’emparer de l’espace de la Bahia dans son entier.
par Marie Moignard
Contemporary art from Africa and the Arab world Since 2009, published in Casablanca
La rédaction de diptyk se joint aux nombreuses voix endolories pour présenter toutes ses condoléances aux familles des victimes du séisme qui a frappé notre pays.
Nos pensées les accompagnent dans cette terrible épreuve.
Comme tout geste compte, voici une sélection d'associations ou d'initiatives auxquelles vous pouvez apporter votre soutien :
