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Ce que dit l’image

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À la recherche d’artistes émergents à accompagner, soutenir et fédérer, Le 18 expose à Marrakech neuf séries photographiques qui, au prétexte d’explorer la rue, racontent la photographie d’aujourd’hui dans l’intimité de ses mutations. 


Au 18, c’est la démarche qui importe, autant que l’œuvre achevée sinon davantage. Au sein de cette plateforme indépendante de création, de diffusion et d’échanges culturels et artistiques implantée depuis trois ans en médina de Marrakech – un acte manifeste, pour créer de l’échange entre la société traditionnelle et les artistes contemporains –, on  questionne les pratiques de façon amicale, libre, expérimentale, en réseau souvent, au fil d’une programmation de plus en plus régulière. En juillet dernier, en vue de la seconde édition du cycle Dabaphoto, sa fondatrice Laila Hida, elle-même photographe, décidait de lancer un appel à la photo de rue. L’objectif : rendre compte des motivations des jeunes artistes, de leurs modes de déplacement dans l’espace, de leurs outils et dispositifs ainsi que de leurs interactions avec l’urbain. 


Quel Maroc voient-ils?


À l’issue de cet appel, un comité formé de Laila Hida, Hicham Bouzid, Francesca Masoero et Jeanne Mercier sélectionnait les propositions de neuf photographes, pas forcément déjà exposés : Ziad Naitaddi, Zakaria Ait Wakrim, Yoriat Yassine Alaoui, Yasmine Hatimi, Myriame Alioualla, Muhcine Ennou, Mhammed Kilito, Céline Villegas et Salah Bouade. Quel est le Maroc qu’ils voient, et comment le voient-ils ? Quelle est leur proximité avec le sujet ? Premier constat : il n’y a pas encore de démarche pour aller vers un sujet spécifique (architecture, humain ou autre). Une seule série est par exemple dédiée au portrait, ce qui pourrait témoigner de la difficulté ressentie par les jeunes photographes à s’approcher des gens, autant que de la réticence des gens à se laisser photographier.
 

Présenté sous forme aussi bien de tirages que de posters – car c’est une des militances du 18 que de trouver des solutions au manque de moyens financiers –, l’ensemble est marqué par une certaine discontinuité, intéressante dans un genre aussi institué que celui de la photo de rue. Mais il montre aussi de la récurrence, dans le choix de regarder et de montrer ce qui ferait contraste dans la société marocaine (tradition versus modernité), dans la sensibilité à l’esthétique de la ville et à son atmosphère. L’exposition prévoit en outre les interventions de Marie Moignard sur l’histoire de la photographie au Maroc (le 22 octobre) et de Khalil Nemmaoui sur son rapport au paysage et sa double pratique de la photographie d’art et corporate (le 29 octobre). Elle s’achèvera avec un workshop « photobook et fanzine » conduit le 5 novembre par Sergej Vultuk, un photographe serbe qui documente les transformations urbaines et les appropriations de l’espace public dans une approche comparative entre différents pays.
 

Corinne Cauvin
 

«La rue comme terrain de jeu», Le 18 Derb el Ferrane, Marrakech, du 14 octobre au 10 novembre 2016.

Ymane Fakhir Le trousseau – Boites à bijoux, 2005 Tirage lambda, montage diasec 40x40cm Courtesy Ymane Fakhir et galerieofmarseille
Ymane Fakhir Le trousseau – Boites à bijoux, 2005 Tirage lambda, montage diasec 40x40cm Courtesy Ymane Fakhir et galerieofmarseille
Abdelkrim Ouazzani, « Les trois grâces » Acrylique sur toile et métal
Abdelkrim Ouazzani, « Les trois grâces » Acrylique sur toile et métal
Serge Poliakoff, Composition abstraite, circa 1966-67, huile sur toile, 130 x 97 cm
Serge Poliakoff, Composition abstraite, circa 1966-67, huile sur toile, 130 x 97 cm
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seisme maroc

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