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CONVERSATION AVEC YOUNES RAHMOUN

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Avec sa série « Darra » exposée cet automne à la galerie Imane Farès à Paris, l’artiste marocain Younès Rahmoun poursuit sa quête mystique. Il nous plonge dans son univers intime, en nous initiant aux secrets de sa matière créative.

 

'Darra' signifie ‘Atomes’, à partir de quoi ont-elles été constituées, quelles dimensions métaphoriques contiennent-elles pour vous?

 

À mes retours de voyage, je rejoignais ma Ghorfa pour me recueillir. Dans cet espace, situé sous les escaliers, trop réduit pour pouvoir faire des sculptures volumineuses, je me suis mis à confectionner des petites sphères pour moi-même, sans intention de les montrer. Elles étaient à l’échelle du creux de la paume de ma main, composées de bouts de ficelles en plastique, de fils, de papier de chocolat doré, d’éléments que j’avais récoltés; sortes de petites sculptures concentrées de vécu et de rencontres. Ces Darras sont des mémoires de lieux et d’êtres, des traces d’un moment de présence particulière, d’un « ici et maintenant » : des ‘atomes de rencontres’.

 

En 2004, vous avez présenté une Darra lors d’une exposition personnelle "Abyad" (blanc) à l'Institut Français de Fès, pourquoi les nommer « Darra »?

Un atome, une graine, grain de sable ou de terre, un caillou représentent pour moi l'être humain.
La ligne droite, le carré représentent l’homme, la logique. L’atome, la sphère et le cercle représentent la perfection, le divin, la nature.
La science, de la philosophie, les religions, ma propre méditation, l'univers qui m'entoure sont mes sources d’inspirations : la Darra de l'année 2004 a été confectionnée avec du tissu de linceul, une réponse à ces réflexions.

 

Votre enfance a favorisé votre imaginaire; pourquoi a-t-elle agi dans votre processus de création?

 

Nous, nous avions une chance : celle de ne pas avoir des jouets. Nous n’en recevions qu’une fois par an, pour la fête d’Achoura; le reste de l'année, nous les fabriquions nous-mêmes et nous en inventions.

 

Comment la philosophie orientale s’est-elle manifestée dans votre Art?

 

En 1994, je me suis orienté vers l'Orient lorsque Faouzi Laatiris, l’un de mes enseignant à l’École des Beaux-Arts de Tétouan, m’a dit : « ce que tu nous as fait ressemble à un jardin Zen. ». J’ai attendu jusqu’en 1996, pour rentrer dans une librairie à Bourges et acheter le livre que je recherchais sur le Zen : La Pratique du Zende Taisen Deshimaru. Là, j’ai commencé à comparer mes réflexions, ma religion avec d’autres. Le Zen nomme le vide, là où d’autres nomment le Divin; Les philosophies orientales m’ont permis d'avoir du recul et de voir les choses différemment. On va souvent très loin pour voir quelque chose qui nous a toujours accompagné et que l’on ne voyait pas. Ce qui est important c'est le trajet.

 

Propos recueillis par Géraldine Paoli

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