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[ DOSSIER ] Dans les coulisses de la 6e Biennale de Marrakech : à l’ouest, quoi de nouveau ?

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La Biennale de Marrakech, placée cette année sous le signe du présent, s’élargit dans le temps et dans l’espace. Étalée sur trois mois et dans divers lieux de la ville, elle se positionne à la croisée des cultures arabe, africaine et méditerranéenne. Le point sur cette édition curatée par Reem Fadda. 
 

La Biennale de Marrakech, source d’inquiétude il y a deux ans, semble devoir repartir sur une base solide. Exit Vanessa Branson, qui a bien mérité un peu de repos et dont le wissam décerné par le roi l’an dernier marquait une reconnaissance qui tardait à venir. L’avenir dira si ce retrait améliorera les choses, mais il semble que pour une biennale qui aspire à être nationale, voire régionale, quitter le giron des biens patrimoniaux d’une riche anglaise pour devenir un bien d’utilité publique soit une bonne piste. Toutefois, une certaine rigueur est encore à travailler pour atteindre ces ambitions. Toujours aux manettes, l’architecte marrakchi Amine Kabbaj continue de veiller sur cet événement avec la bienveillance qu’on attend de lui.

Les lieux mobilisés cette année pour l’exposition centrale sont plus importants et permettent une circulation dans la ville : Palais Badii, Palais Bahia, Dar Si Saïd et la Mosquée de la Koutoubia, avec une nouveauté, le Pavillon de la Ménara. Sous le titre « Not new now », qui souffre d’une traduction confuse en français (« Quoi de neuf là ? »), ce sont les œuvres d’une quarantaine d’artistes et de deux collectifs qui ont été réunies pour une durée d’exposition prolongée à trois mois.


L’art du recyclage

Le premier acte d’une nouvelle édition est le choix du commissaire. Celui de Reem Fadda pose quelques questions. Rien à dire sur ses compétences, que nous jugerons sur pièces. L’an dernier, le choix s’était porté sur un Marocain de la diaspora, Hicham Khalidi, à un moment où il s’agissait de faire une biennale marocaine. Cette année, c’est sur une Palestinienne de la diaspora que mise le comité d’organisation, en avançant avec une certaine ingénuité une sympathie marocaine pour la « question des territoires occupés »… Oui, c’est vrai ! Alors que la mode est à l’Afrique depuis quelque temps, sans parler des directives royales qui ont suivi son voyage dans le grand Sud en 2014, on ne peut empêcher une majorité de la population de notre pays, rétive à son africanité, de se sentir davantage arabophile… Est-ce grave ? Pas forcément, ce choix de commissaire retiendra au moins l’attention du public marocain. Cette année, donc, la biennale ne choisira pas son camp, elle sera à la fois africaine, arabe, méditerranéenne… Un peu à l’image de l’identité marocaine.

Que pouvons-nous légitimement attendre de cette biennale ? Dans ces pages nous avons toujours plaidé pour l’innovation. Pour qu’une biennale ait du sens, elle doit être complémentaire des biennales qui l’ont précédée et non redondante… À Marrakech, concernant le choix des artistes non marocains, si on ne les connaît pas tous, pas de panique! Il suffit d’ouvrir les catalogues des dernières biennales, Sharjah, Venise, Documenta et dans une moindre mesure Bamako, pour en savoir un peu plus. Ainsi, l’œuvre de The Otolith Group arrivera sans doute directement de Bamako ; celles d’Oscar Murillo ou de Melvin Edwards, elles, ont certainement eu le temps de faire quelques escales depuis Venise… Quant aux artistes issus de Documenta, espérons simplement qu’ils auront autre chose à nous proposer depuis 2012. On pense à Kader Attia, Tarek Atoui et Naeem Mohaiemen.


Une équipe pro

Ce collage sans risque cadre avec l’argumentaire de la commissaire qui prône le recyclage. La biennale de Marrakech se recycle elle-même en proposant aussi des artistes des précédentes éditions, comme Eric Van Hove, star de l’édition 2014 qui repimpe un nouveau moteur, ou encore Megumi Matsubara, transfuge de l’édition 2012. Deux artistes, qui depuis, se sont installés au Maroc.
 

[…] 


Un dossier préparé par Syham Weigant et Marie Moignard
La suite de ce dossier est disponible dans le nuémro #32  en kiosque le 17 février. 

Fatiha Zemmouri À l’abri...de rien, 2016
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