Taper pour chercher

ENTRETIEN : NATHALIE OBADIA, COSMOPOLITE PAR INSTINCT

Partager

Quel était l’état du marché de l’art contemporain, lors de votre ouverture à Paris en 1993 ?

Nathalie Obadia : Pour tout dire, pas très reluisant ! On sortait à peine de la première guerre du Golfe, les galeries s’étaient beaucoup endettées près des banques, et les marchands ne vendaient plus rien. Comparé aux années précédentes où l’on avait assisté à la première envolée de l’art contemporain, c’était une véritable catastrophe. Quand la crise s’est installée, on avait très peu de recul par rapport à ces phénomènes financiers sur le marché. Bref, il y a eu pas mal de dégâts !

Pour le moins dissuasif, ce contexte ne vous a-t-il pas découragée ?

Entre 1987 et 1992, les professionnels de l’art avaient connu une période si florissante… On peut même parler d’emballement, tant du côté des marchands que des collectionneurs. Chez Daniel Templon, j’ai été témoin des années fastes. A l’époque, la spéculation avait atteint des niveaux astronomiques, les banquiers venaient eux-mêmes démarcher les galeristes avec des budgets impressionnants pour acquérir des œuvres, à n’importe quel prix. C’était la première fois dans l’histoire des ventes aux enchères que l’on enregistrait de pareils records pour l’art contemporain. En ce qui me concerne, j’ai ouvert tout petit à Paris, avec des peintres français qu’on ne voyait guère : d’abord Valérie Favre. Et puis, Pascal Pinaud, Carole Benzaken, Jessica Stockholder et Fiona Rae, qui sont toujours chez moi. Comme je n’avais pas les moyens de perdre, j’ai tout de suite vendu. (…)

Plus récemment, quels changements ont modifié le visage de la scène internationale ?

Au tournant des années 2000, la sphère anglo-américaine a explosé. Là-dessus, New York a perdu le monopole du marché et celui de la création. Très vite, l’Europe, les Russes, les Chinois, l’Inde et le Moyen-Orient ont rejoint le concert international de l’art contemporain. Sans oublier l’Amérique latine, avec l’émergence du Brésil notamment, et d’une génération d’artistes très talentueux comme Joana Vasconcelos ou encore Beatriz Milhazes… Aujourd’hui, le monde de l’art s’est polarisé autour de ces différentes zones géographiques. Il y a encore dix-quinze ans, on pouvait se contenter de circuler en tant que galeriste entre Paris, Londres, Cologne et New York. Désormais, il faut aller à Miami, Beijing, Mumbai, Abu Dhabi, Moscou, etc. Car l’offre est devenue planétaire ! (…)

x
seisme maroc

La rédaction de diptyk se joint aux nombreuses voix endolories pour présenter toutes ses condoléances aux familles des victimes du séisme qui a frappé notre pays.

Nos pensées les accompagnent dans cette terrible épreuve.

Comme tout geste compte, voici une sélection d'associations ou d'initiatives auxquelles vous pouvez apporter votre soutien :