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HICHAM LAHLOU : UN ETERNEL « PLAYER » A LA FONDATION CDG

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La Fondation CDG met à l’honneur le designer et architecte d’intérieur Hicham Lahlou, en collaboration avec le commissaire Bernard Collet. Diptyk a rencontré ce créateur qui se joue des formes multiples du design. Extraits…

Propos recueillis par Meryem Sebti

 

Retrouvez l'intégralité de notre entretien dans Diptyk n°20 !

 

Quel est pour vous le sens du « jeu » dans le design ?

Il faut jouer avec les codes, avec les matières, avec les formes, avec les perceptions, avec l’idée même que l’on se fait d’un objet. Il faut aussi être très joueur pour faire passer un peu de sa sensibilité et de ses émotions, à travers un objet aussi banal qu’une brosse à dent ou une bouteille d’eau. Il faut également se jouer des contraintes et de certaines limites, ne pas se limiter à imaginer des objets uniquement pratiques et esthétiques. Il faut aussi, un peu comme un funambule, savoir se placer à la frontière du normal et de l’insolite, voire de l’excentrique. Car un designer, j’en suis convaincu, ne doit pas uniquement anticiper les attentes d’un marché, il doit aussi et surtout les devancer, imaginer des solutions jusque là inexplorées.

(…)

Comment faites-vous fusionner dans votre travail votre double culture, dont parle très bien Bernard Collet, commissaire de l’exposition ? 

Je pense que cela se produit naturellement. En tout cas, double culture ne signifie pas forcément antagonisme culturel, c’est pour moi vraiment le contraire. Je pense qu’il y a toujours un côté pour contrebalancer l’autre dans ses excès, un peu comme un modérateur. Ou au contraire, le laisser agir de manière intentionnelle quand il y a vraiment une bonne piste à explorer. Quand on parle de culture, on pense aussi à identités et à racines. C’est important pour une œuvre que les gens s’y retrouvent, s’y projettent. L’identité et les signes d’appartenance peuvent être un moyen, mais ce n’est pas le seul. Et puis il faut faire attention à ne pas tomber dans le « trop identitaire » qui est assimilé, à raison, au folklorique. Pour moi une œuvre de design doit exprimer quelque chose, être conçue de sorte à ce que les gens se posent des questions. Qu’il y ait une sorte de lien qui se créé, des réactions et de l’émotionnel qui entrent en action.

(…)

Tout le monde parle de la bouteille d'eau minérale que vous avez conçue pour Aïn Soltane. Comment avez-vous abordé cette commande ?

Imaginer et concevoir une bouteille d’eau minérale est un vrai travail de designer industriel. On est au cœur de la contrainte technologique et du marché, mais aussi le positionnement du produit. Aïn Soltane a souhaité faire appel à mes services pour créer une bouteille en verre pour les hôtels et restaurants. Ils auraient pu solliciter une grande agence de design industriel à Paris, ou à Barcelone par exemple, mais c’est à moi qu’ils ont pensé.

Dans le design industriel, l’image souhaitée doit refléter une certaine idée que l’on se fait du produit, traduire un message, les valeurs de la marque… Et ceci le plus clairement possible, car tout doit être décodé un instant. Aïn Soltane, c’est de l’eau pure qui vient du cœur des montagnes. La pureté est un concept probablement parmi les plus difficiles à transfigurer dans le design. C’est au millimètre que cela se joue. Elaborer ce design de bouteille ce n’est donc pas du simple packaging : c’est un véritable travail d’épure où la fantaisie s’efface totalement. Plus la forme est simple, plus elle est aboutie. Un peu comme quand vous voyez un athlète qui réalise une figure parfaite et sans défaut, et ce, sans bouger d’un iota. Vous vous dites : « Fastoche » ! Mais en réalité, les heures de travail qui l’ont amené jusque là ne se comptent pas.

(…)

 

Hicham Lahlou, « Play design »

commissaire de l’exposition : Bernard Collet

Espace Expression CDG – Fondation CDG, Rabat

jusqu’au 13 novembre

www.fondationcdg.ma

Freedom Hospital, Hamid Soulaiman, Éditions Ça et là / Arte éditions, 288 p., 300 DH
Freedom Hospital, Hamid Soulaiman, Éditions Ça et là / Arte éditions, 288 p., 300 DH
© Mounir Fatmi History is not mine04
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Othman Mennani
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