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La Chambre Claire s’ouvre sur l’Afrique

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Mohamed Amine Abassi est le lauréat de la 4e édition du prix de La Chambre Claire, pour lequel la Fondation Alliances a choisi d’élargir ses frontières au continent.

 

Après avoir récompensé la fraîcheur du Marocain autodidacte Youssef Lahrichi l’année passée, la Chambre Claire monte en gamme en choisissant les images magistrales d’un jeune photographe tunisien. La Fondation Alliances entend ainsi inscrire son prix de photographie à l’échelle du continent, et inaugure ce nouvel élan par le choix d’un lauréat implanté au Maghreb. Avec ses allures de jeune homme, ce presque trentenaire a la tête sur les épaules, une énergie débordante et de la générosité à revendre. 

 

Enfant de la révolution tunisienne

 

C’est après le choc de la révolution qu’Abassi s’est tourné vers la photographie, en avril 2012. Il avait commencé à s’intéresser à l’image pendant ses études de marketing et expérimentait avec un petit appareil compact. Mais les évènements de janvier 2011 font basculer son destin. Photographe autodidacte, comme son prédécesseur, il a atteint une maîtrise technique en un temps record.

Le Club Photo de Tunis, mené à l’époque par Hamideddine Bouali, devient son refuge et son labo de formation. Comme l’AMAP dans les années 80 ou Fotografi’art à Rabat aujourd’hui, ce sont ces structures associatives qui semblent les meilleures pépinières pour les jeunes photographes maghrébins. Petit à petit, il devient lui-même formateur et initie les autres membres du club au principe de la Gestalt et le contraste d’Itten en peinture. Généreux dans l’âme, il tient à la notion de partage : « Je ne cache rien de mes petits secrets ». Mais instruire a surtout modifié sa façon de lire les images, donc d’en faire : « L’enseignement, c’est la meilleure école. C’est ce qui m’a forgé de solides bases pour construire une image qui fonctionne », assène-t-il. Ses ressources ? Amazon, Youtube et les bouquinistes de Tunis. Roland Barthes et Susan Sonntag sont aussi ses livres de chevet. En digne enfant de la génération Y, il pioche dans le système D et l’encyclopédie 2.0 pour se façonner une culture à multiples entrées.

 

La nature comme refuge

 

La série avec laquelle il a remporté ce prix a été réalisée en 2012-2013, au Cap Bon et dans le nord de la Tunisie. En grand admirateur des paysages d’Ansel Adams, il n’y représente que des arbres, envisagés comme des portraits. Ils sont le reflet de ses troubles intérieurs : « La nature a une importance particulière pour moi. En 2011, après la révolution, j’ai été pris d’anxiété, je me sentais mal dans mon environnement, raconte Abassi. La nature est devenue un abri ». Des images en noir et blanc d’un grain extraordinaire, à la limite de la picturalité. Leurs titres inquiétants (Insomnie, Angoisse, Mutilation) contrastent avec la douceur des contours, comme tracés à la mine de plomb. De quoi donner du grain à moudre au photographe chevronné Khalil Nemmaoui, à nouveau sollicité pour réaliser les tirages de l’exposition. Dans l’accrochage figure aussi une vidéo réalisée avec Fayssal Zaoui, ancien lauréat de la Chambre Claire. Centrée sur son aïeule, elle signe un retour aux racines de Mohamed Amine Abassi. Une expérience mémorielle et visuelle à vivre !

 

Mohamed Amine Abassi, La Chambre Claire, Fondation Alliances, Casablanca
du 9 mars au 6 juin 2016.

 

Marie Moignard

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