MELEHI, REVIVAL SEVENTIES

Le parcours exceptionnel de Melehi l’a vu fréquenter des instituts et écoles mémorables: écoles des Beaux-Arts de Séville, Madrid, Rome, Paris et, outre-Atlantique, de Minneapolis, où l’étudiant marocain fut engagé comme maître-assistant dans la très célèbre School of Art.

Retour au Maroc, le peintre a jeté d’emblée ses audaces colorées au grand désarroi du public habitué à un univers académique et fortement lesté par la culture coloniale. Fondateur du Festival culturel d’Asilah avec Mohamed Ben Aïssa, directeur des Arts au ministère de la Culture, Melehi a conduit la chose artistique et conquis pour la création marocaine une place visible dans plusieurs grandes capitales. Et parce que l’art contemporain doit s’insérer dans les espaces collectifs et dans la vie de la cité, Melehi a multiplié peintures, fresques et décors dans les édifices publics. Son initiative en 1978 a vu onze artistes annexer Asilah, hissant le drapeau de la modernité esthétique sur les façades de la ville. (…)

La peinture de Melehi courbe l’espace, discipline les volumes, ordonne les couleurs posées de manière industrielle comme il l’a vu faire dans les usines américaines de l’automobile à Détroit. Pour Tahar Ben Jelloun, c’est un art qui « soulève les voiles, retire ce qui embrouille les yeux et les sens ».

L’essence des choses niche dans le monde de Melehi et le temps au cœur de son art. Des formes s’y épousent. Des séquences scandent la nuit étoilée. Des vibrations élèvent des flammes singulières. Des hommages glorifient la sensualité de la lumière. La couleur libre, expérimentale, s’ancre dans la modernité pour dire l’émotion pure, le vent, la mer, la nuit étoilée. Les formes angulaires ont gagné depuis des plénitudes plastiques et les courbes suggestives des visions que caresse l’écume cosmique. (…)

Extraits de « Melehi, Revival seventies ». Retrouvez le texte intégral sur diptyk n°5, avril/mai, p. 50.