PRINTEMPS ARABE, PARADIS PERDUS ?

Qu’ils aient anticipé les révolutions ou répondu à l’appel des peuples, les artistes du monde arabe ont encore beaucoup à faire pour imposer leurs créations. Preuve que «le ménage n’est pas terminé».

Que reste-t-il du Printemps révolutionnaire qui a fait croire, le temps de quelques mois, que le monde arabe pouvait éviter ses deux fatalités (et stéréotypes) – composer avec des dictateurs vieillissants ou basculer dans l’islamisme ? La question se pose avec d’autant plus d’urgence que le nouveau Premier ministre marocain est issu d’un parti islamiste. En Tunisie, Ennahda est arrivé en tête du scrutin pour élire les 217 membres d’une Assemblée constituante chargée de rédiger la constitution. En Lybie, le Conseil national de transition a décidé de réintroduire la Charia, la loi coranique…

« La révolution est précieuse mais fragile, on vit dans la crainte de l’échec, admettait le 1er octobre l’artiste et universitaire tunisien Faten Chouba Skhiri lors d’une table ronde organisée par la foire Marrakech Art Fair.L’artiste doit protéger cette révolution pour qu’elle ne bascule pas dans une utopie ou une idéologie. Croire que l’on va rebâtir une société idéale, ce serait une illusion. Il faut que l’art s’inscrive dans la désillusion ». Pourtant, les créateurs ont été fascinés par cette dynamique sidérante, héroïque, et alors majoritairement laïque. « Soudain, le sens civique s’est remis en place, l’art de la rue s’est mis à exister, les mouvements associatifs aussi », se remémore l’artiste tunisienne Meriem Bouderbala.

Une première version de cet article a paru dans Le Quotidien de l’Art, n°14, 26 octobre 2011, www.lequotidiendelart.com.

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