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VIOLENTE BEAUTE

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A partir du 11 octobre, l’espagnole Amparo Sard investit la Galerie 38 avec une nouvelle série d’œuvres crées pour l’événement. Accueillie en résidence à l’Hôtel des arts de Dar Bouazza, espace envisagé dès le départ comme un centre de création, celle qui marche sur les pas d’un Jaume Plensa nous ouvre les portes de son univers.

 

Des lèvres pulpeuses pour couvrir une voix trop grave, un geste délicat porté par de trop grandes mains, Amparo Sard a le charisme des femmes d’Almodovar et la fragilité de celles d’un Godard. En cinq ans à peine, ses œuvres ont intégré les collections du MoMa et du musée Guggenheim de New-York ainsi que celles du musée de Philadelphia ou encore de la Deutsche Bank de Berlin. Présentée aux côtés de Jaume Plensa  à la N2 Galeria de Barcelone, on lui prédit d’ores et déjà le même destin. Pourtant, alors que la scène occidentale se l’arrache, Amparo Sard a décidé d’accepter l’invitation de la Galerie 38 pour créer sa nouvelle série. « Tout le monde était très étonné, j’ai un planning tellement serré. Mais ça a été une vraie surprise de venir au Maroc et de rencontrer les professionnels qu’il y a ici. Je suis une grande travailleuse et au cours de cette résidence, c’est comme si je redécouvrais le plaisir de travailler la matière », sourit-elle. En effet, dans son atelier de l’Hôtel des arts de Dar Bouazza, l’artiste perfore encore et encore ses œuvres, les reliant d’un fil invisible glissé entre ces milles petits trous. Un geste mécanique, quasi violent, donnant force et volume à ce blanc immaculé qu’elle expérimente sans cesse. « Je n’ai pas besoin de la couleur, pour moi, c’est la matière qui apporte les réponses. Le blanc fait référence à la pureté, à la beauté et j’aime rompre avec cette idée en brisant la matière, en y intégrant du vide. C’est ainsi que je veux transcender mes œuvres, en ne jouant plus sur l’image elle-même mais sur cette sensation que l’image porte en elle ». Déranger sans ne jamais provoquer, les œuvres d’Amparo Sard font rejaillir les angoisses de l’inconscient en y injectant les douleurs omniprésentes de notre société contemporaine. Après les thèmes de l’indécision, de l’erreur et enfin de l’impasse, cette nouvelle série explore la nécessité d’une fuite permettant de conserver ce niveau de protection qui réside en chacun de nous. A découvrir, la sculpture d’une double main en forme de coque de barque se charge alors d’une symbolique propre à l’artiste : placées sur le visage, elles nous protègent du monde.

Des références quasi subliminales qui nous rappellent que la beauté dialogue souvent avec le mal. « Je considère qu’il y a trois niveaux d’accès au sens d’une œuvre. Le premier est la confrontation à la technique. Certaines personnes s’arrêtent à cette étape. Le deuxième engage la démarche de l’artiste, ce qu’il, par son histoire, veut nous raconter. Le troisième enfin touche directement à l’émotion. Il renvoie à la lecture des signes transmis par l’œuvre et qui, inconsciemment, peuvent être désagréables », précise-t-elle. Pour la Galerie 38, l’artiste visite tous ses supports de prédilection, toile, sculpture, installation mais aussi art vidéo qui, comme la femme qu’elle est, flirtent avec le surréalisme.

 

Aurélie Martin

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