Quand Sheila Hicks réinventait le tapis marocain

Article consacré à l’exposition de Sheila Hicks à Bab El Rouah, à Rabat, dans Design Journal de juin 1971, avec les photos de Marc Riboud.

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En 1971, l’artiste américaine, pionnière de l’art textile et figure majeure du Bauhaus, réalisait la série Tapis de prière en collaboration avec des artisanes marocaines.

Sollicitée au début des années 1970 par le gouvernement marocain pour régénérer le stock de motifs du tapis national, Sheila Hicks entame dès lors un long séjour qui la mène à Tanger, Meknès, Salé et Rabat. Elle visite des ateliers, esquisse des croquis, initie le travail et produit plusieurs prototypes que de patientes tisserandes s’affairent à reproduire après d’intenses efforts de persuasion : elles étaient tout simplement réticentes à abandonner le répertoire ancestral pour adopter de nouvelles formes.

Elle puise dans des thèmes et des matériaux locaux : laine et pigments naturels, tapis de prière, auxquels elle trouvait un « pouvoir mystique », arcs des mosquées, évocateurs d’un « sentiment d’ascension », capables « d’éveiller et de caresser l’âme de façon très simple, modeste, sans chichis, sans feuille d’or, sans crainte, sans peur du Grand Être ».

Article consacré à l’exposition de Sheila Hicks à Bab El Rouah, à Rabat, dans Design Journal de juin 1971, avec les photos de Marc Riboud.

Destinés à être écoulés dans le circuit commercial international, les tapis conçus par Sheila Hicks sont exposés à Bab Rouah, à Rabat, en 1971. Les plus sobres donnent à voir des arcs en relief sur fonds unis ou à rayures, d’une grande sobriété chromatique – jamais plus de quatre couleurs. D’autres, plus volumiques, mettent en scène des touffes de laine nouées en nattes ou en pompons qui se répandent sur la surface, donnant presque l’impression de se détacher de l’ensemble pour s’avancer vers le spectateur.

L’exposition rencontre un certain succès. Par l’entremise des services culturels américains, les créations voyagent à Tanger, Tunis, Dakar, Abidjan et enfin aux États-Unis. Les ateliers gagnent des clients : la Société Générale de Banque de Bruxelles passe commande pour plusieurs tapis de grandes dimensions. Des oeuvres individuelles de Sheila Hicks, conçues pendant son séjour marocain, finissent dans des musées tels que le MoMA et le Centre Pompidou.

Reda Zareig

Article consacré à l’exposition de Sheila Hicks à Bab El Rouah, à Rabat, dans Design Journal de juin 1971, avec les photos de Marc Riboud.
Article consacré à l’exposition de Sheila Hicks à Bab El Rouah, à Rabat, dans Design Journal de juin 1971, avec les photos de Marc Riboud.

1 Comment

binance "oppna konto avril 25, 2024 - 10:59 am

Your point of view caught my eye and was very interesting. Thanks. I have a question for you.

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