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[Work in progress] Quand la réalité rejoint les fictions de Saïd Afifi

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Du confinement, que restera-t-il ? Avec Work in progress, nous vous proposons de plonger dans les travaux et réflexions qui animent les artistes pendant cette période de réclusion forcée. Première Immersion avec Saïd Afifi.

C’est à Casablanca que Saïd Afifi poursuit son projet Outside of my land débuté il y a sept mois à Paris. Nostalgique, il déambulait alors dans des paysages marocains grâce à Google Earth « qui permet de rentrer dans la géomorphologie de la Terre. » Avec ses mines de plomb, l’artiste (re)crée ensuite un univers fictif dans des dessins jouant délibérément de très grandes variations d’échelle.

Confiné dans l’appartement familial, ses échappées virtuelles le portent aujourd’hui vers des territoires beaucoup plus lointains comme le Pôle Nord ou les sommets enneigés de l’Himalaya. L’artiste se promène en imagination et effectue de nombreuses captures d’écran qu’il imprime avec la frénésie de ceux qui voyagent dans leur tête. Souvent, des « bugs » ou dysfonctionnements apparaissent à l’impression : l’image se brouille ou se fragmente en différentes temporalités. « Cela donne une dimension plastique forcément intéressante », note-t-il.

Ces paysages sublunaires rappellent les contrées désertes, aquatiques, minérales et géologiques qui caractérisaient les deux vidéos Etymology et Yemaya, présentées dans le cadre de la Biennale de Rabat. Dans ces archéologies futuristes, toute présence humaine semblait déjà bannie. Aujourd’hui, dystopie et réalité se rejoignent : les paysages fictifs se fondent avec ceux dépeuplés du monde. Et la frontière avec le réel, volontairement trouble chez Afifi, n’a jamais été aussi ténue, conférant à ce travail minutieux une beauté inquiétante.

Vue de l'atelier de l'artiste, 2020

Outside of my land constitue in fine un work in progress qui interroge aussi bien les limites entre la photographie et le screenshot que les possibilités mimétiques du dessin. Il questionne également la fonction du regard humain et celui de la machine en orchestrant un va-et-vient entre captures satellitaires et distorsions que l’artiste leur fait subir à travers ses dessins. Fascinant.

Olivier Rachet

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