Taper pour chercher

Et la lumière fut

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C’est la première fois que le peintre américain Brice Marden expose en Afrique et au Maroc, qu’il a connu dans les années 70. Le Musée Yves Saint Laurent Marrakech montre une soixantaine d’œuvres, entre minimalisme et abstraction lyrique, dont certains inédits réalisés au Maroc.

« Le voyage a une importance prépondérante » chez Brice Marden, souligne Björn Dahlström, le directeur du Musée Yves Saint Laurent Marrakech (mYSLm). Né dans la banlieue de New York en 1938, ce peintre itinérant a séjourné aussi bien aux Caraïbes que sur l’île de Hydra en Grèce. Il a posé pour la première fois ses valises au Maroc dans les années 70, en compagnie de son épouse Helen. Venu rencontrer son compatriote Paul Bowles à Tanger, il enseigne un temps à l’école américaine. Puis il élit domicile à Marrakech une partie de l’année, où il dispose d’un riad et d’un studio dans lequel ont été réalisées de nombreuses toiles inédites, présentées au sein de l’exposition « Brice Marden Morocco ».

« Les lieux ont une influence sur la captation de la lumière qui révèle les couleurs », précise Björn Dahlström en commentant Helen’s Moroccan Painting, l’une des toiles phares de l’exposition. Réalisée en 1979, cette huile sur toile composée de deux panneaux rectangulaires de couleurs rouge et verte, dans lesquelles le directeur du musée perçoit comme « une persistance rétinienne du pays », situe le peintre dans la filiation des expressionnistes abstraits, et notamment de Rothko. S’il avait jusque-là à cœur de composer des couleurs réfléchissant peu la lumière, en fabriquant ses propres pigments qu’il mélangeait notamment avec de l’encaustique ou du miel, Marden est désormais accaparé par elle. Reconnu tout d’abord pour ses toiles monochromes, qui ont fait sa réputation dès les années 60, la pratique de l’artiste s’oriente, dans les années 80, vers davantage de gestualité. Au-delà de la bidimensionnalité de son travail, un motif trouve alors les faveurs de Marden : celui de la grille ou de l’entrelacs, à travers lequel il crée une série de traits enchevêtrés qui se détachent souvent de surfaces entièrement colorées.

Helen’s Moroccan Painting, 1980, oil and wax on canvas, 175 x 114 cm
Cette abstraction gestuelle, fortement influencée par la calligraphie que le peintre a découverte au gré de ses nombreuses pérégrinations en Asie, notamment en Thaïlande et au Sri-Lanka, est un autre point fort de l’exposition qui donne, en une soixantaine d’œuvres, un panorama exhaustif de son travail. Encres et gouaches sur papier, huiles sur toile, monochromes et polychromes : on retrouve toute la palette d’un artiste « qui n’a eu de cesse d’interroger à travers ses œuvres graphiques l’expressionnisme abstrait et le minimalisme », selon Björn Dahlström.
En choisissant de montrer un artiste qui a été dans les années 60 le principal assistant de Robert Rauschenberg et qui a enseigné à l’École des arts visuels de New York, la direction artistique du mYSLm exprime son attachement à un art moderne avant-gardiste et relève le défi d’inscrire le Maroc dans la géographie intime d’un peintre connu pour être un infatigable expérimentateur de formes. À travers la soixantaine de toiles exposées, qui entreront en résonance avec les œuvres de la scène marocaine exposées au même moment en marge de la foire 1-54, l’enjeu est de comprendre ce qui, dans cette œuvre, s’est joué au Maroc, mais aussi pour le Maroc.

 

«Brice Marden Morocco», Musée Yves Saint Laurent, Marrakech, du 22 février au 12 mars 2019.

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