Les dernières salles dédiées à l’histoire contemporaine du Qatar font quelque peu redescendre l’enthousiasme. Peut-être est-il difficile de figurer le cours de la perle qui s’effondre lors de la crise de 1929 et l’entrée du pays dansla modernité ? La découverte des premiers gisements de pétrole en 1935, puis de gaz dans les années 70, est illustrée de façon scolaire par quelques machines et objets, des frises et des coupures de journaux. Dans la galerie d’exposition temporaire, « Making Doha – 1950-2030 » répond de manière plus intéressante à ces questions. Concoctée par l’architecte hollandais Rem Koolhaas – qui vient de signer la Bibliothèque nationale du Qatar –, son bras droit Samir Bantal, d’origine marocaine, et la curatrice qatarie Fatma Al Sehlawi, cette exposition dresse le portrait de la capitale à travers ses meilleurs projets architecturaux, réalisés ou non. On y découvre ce qu’aurait pu être la fameuse bibliothèque nationale si la proposition de l’architecte japonais Arata Isozaki avait été choisie, ou encore l’étonnante demi-ellipse du National Photography Museum (non réalisé), mais
aussi la maquette de Zaha Hadid pour le MIA (Musée d’art islamique), sur l’emplacement actuel du Musée national du Qatar, finalement construit par Ieoh Ming Pei sur une île artificielle à quelques encablures. Alors que le Qatar se prépare à accueillir la Coupe du monde de football en 2022, avec pas moins de sept stades en construction, « Doha est un champ d’expérimentation, analyse Samir Bantal. Montrer l’architecture réalisée et non-réalisée révèle une communauté de pensée, une vision globale qui va plus loin que ce à quoi ressemble la ville aujourd’hui, entre ce qui est exclusivement développé
par le marché, et ce à quoi elle pourrait ressembler si l’État pouvait assumer toutes ses ambitions. » En projet, on compte le Children’s Museum, mais aussi un musée pour la ville nouvelle de Lusail, accolée au nord de Doha.
Musée national du Qatar, Doha. «Making Doha – 1950-2030», exposition de Rem Koolhaas, Samir Bantal et Fatma Al Sehlawi, 2019.